
Ce qui tient le monde en équilibre et se partage ses pans d’ombres, ses sources noires, ses voies sombres.
Ce qui orchestre et dirige l’harmonie, égraine l’énergie positive en taches lumineuses et soyeuses.
Ce qui tranche le soleil comme un agrume au jus acide.
Ce qui découpe patiemment le temps et ses espaces d’étoffes blanches, de grains de sable.
Ce qui contourne mes peurs, les décapite, les broie.
C’est mon écriture. Danseuse étoile, équilibriste, jongleuse. Mon écriture, ma soeur, mon âme, mon dédale.
De peu elle me sauve,
D’un fil elle fait le cheveu qui tombera dans la soupe.
D’un mot la phrase se lance à la recherche des lettres qui la composent, des sens qui la décomposent.
Parfois sous la pointe aiguë de ma plume, le monde glisse, s’échappe, se disloque, s’évapore, se cristallise.
À l’extrémité se tiennent les certitudes éphémères, absurdes, solides perfectibles.
À l’opposé s’aborde en quinconce, une réalité à lectures multiples, un songe nu, un mensonge cru.
Au sein de la toile qu’elle tisse, des histoires qu’elle brode, mon écriture n’est pas l’insecte pris, le personnage principal, la chrysalide.
Elle est le principe, la décision finale, la harpe, le croc, la blessure animale.
Mon écriture décide, organise, planifie, renverse l’ordre qu’elle établit.
Un simple point signe sa mort.
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