Répartition

Mon esprit voyage sur une partition dessinée par des orchidées. Les bourgeons en attendant qu’ils se déploient craignent les regards froids de l’air. Les fleurs comme des mains recomposent la lumière, les océans, les ondes de poussières. Elle défient la réalité d’apparaître comme un rêve. Des veinules pourpres alimentent les surfaces jaunes et blanches. Des grains de beautés se déposent comme des vagues sur les plages formées par des pétales purs aux contours somptueusement précis.

La partition finalement se présente comme une nébuleuse sauvage que personne n’apprivoise et dont le cœur est une géante qui se meurt en explosant de joie.

Je me demande pourquoi on se refuse à écouter ce qui se joue là.

 

Sursaut gamma

γ

Au rythme halluciné

et méthodique de ton cœur

ta disparition progresse

γ

lentement les voies tracées

dans les labyrinthes de tes pensées

se taisent

γ

parfois tu te soulèves

avec la force d’une marée

parfois tu recules

maintenu prisonnier

par ce fil plus tenu qu’un cheveu

de nouveau-né

γ

si tu respires c’est que tu vis

encore

γ

peu à peu

ton visage se fond

tes contours se défont

tu aspires parfois à devenir

plus noir que cette béance

au fond de l’être

se secouant avec répugnance

γ

tu vas disparaître

disproportionné

rompu

sans te résoudre

 GRB970228

Avisée

untitled (30.III.2010), 2010
Aleksandra Domanovic

Comme si elles étaient en parchemin

ta voix se froisse ta main se crispe

ton pays n’existe plus sur aucune carte

qui en dessinerait les contours

ce que tu prends pour un dernier indice n’est plus que la veine bleue

qui monte en tournant de ton bras jusqu’à ton âme

et te coupe le souffle à quoi te servent ces voyages de fantôme

si ce n’est à fracasser contre de sombres murs

les éclatantes clartés de ta certitude

parfois dans le fond de la gorge

tu la sens cette larme aiguisée

de la solitude

Amalgame

Une douleur brûlante a fait un nœud coulant autour de mes articulations. Ce cordage use le cartilage au moindre mouvement. La moelle, lave lancinante et odieuse se propage au même rythme que celui de ma respiration. Mon squelette est devenue une braise qui lentement agonise sans craquements, sans bruits. Les larmes que je ne peux retenir avancent comme les serpents en rampant des cils aux lèvres.

Peu à peu, la clarté volontaire de l’extérieur éclabousse les contours de mes fenêtres, rompt l’opacité nocturne de ma chambre. Je ferme les yeux, je les ouvre comme pour me laisser perpétuellement éblouir par la naissance de cette Sainte, la lune.