Prodigue toujours ta beauté sans compter ni parler. Tu te tais. Elle dit à ta place: je suis, puis en multiples sens retombe, tombe enfin sur chacun. Rainer Maria Rilke
Ce que les mots manquent l’iris sur le point de fleurir le dévoile
le jour est un néant la nuit le remplit de rêves qu’il jette par dessus bord
les larmes lorsqu’elles ne peuvent plus s’échapper restent dans la gorge en lui faisant mal et le coeur se suspend dans la cage thoracique comme une lourde goutte noire froide et inutile
J’aimerais que mes phrases ne parlent pas
la même langue que moi
qui boite et trébuche à chaque pas
j’aimerais qu’elles soient
autrement que de simples lettres alignées
ces mots dont on a épinglé les ailes
par peur qu’ils dénoncent l’aspect
véritable de nos maigres rêves
j’aimerais que mes phrases ne soient pas les objets
d’une nature morte
qu’un éclat de bougie encore fasse trembler leurs corps
j’aimerais accompagner le silence quand il entre
dans la forêt d’eucalyptus et leur demande d’exalter
l’obscurité
Dans les feuillages le vent est
Un petit cheval vert se cabre
Disparait puis après avoir bu
Le ciel revient plein de fougue
Derrière la colline vient de naître
Dans un lit de brumes
La lune avant l’heure
Les ruisseaux dévalent les pentes
On entend les troupeaux de roches
Le bruit de la pluie
Essences d’immortelles
Se répandent autour de la tombe
Du jour
Gary Schneider: ”These photographs, made without a camera, are sweat and heat imprints into film emulsion.” (Source: printeresting-blog, via switchbitch-deactivated20141117)
Une hélice végétale imprime
à l’espace en moi sombre
un mouvement de fleur
noire qui s’échappe
une empreinte s’ancre
lentement dans ce monde liquide
sur lequel j’ai tellement peu d’emprise
elle serait comme le moteur principal
d’une idée arrêtée propulsée
vers des taches d’une blancheur
d’écume
Ce qui s’écrit n’est point
un cri de douleur
un champ de mots qui portent malheur
c’est moi hors de ce qui me représente
comme la bogue pleine d’épines
le fruit.