
Longtemps tu as cru
Que la lucarne
Était un insecte
De ceux qui ont des ailes et une carapace
qui grincent et dardent un rostre
et là tu t’aperçois qu’il ne s’agit que d’un mot
au milieu d’un poème
éclairant
Ton pas
Accordé à celui de la forêt
Ton souffle comme une frondaison froide d’ombres
Et moi
Qui tente d’inscrire cet instant au patrimoine mondial de ma mémoire
À chaque fois que je croise l’odeur du pin dans un nid d’aiguilles
Ses fleurs qui éparpillent pollens et grains de sable saharien
Regard humide et noir d’un rongeur qui ne peut plus choisir de fuir
Simplement toi blotti aux pieds d’un immense incendie
Son coeur est aussi profond qu’un puits
parfois il me regarde depuis
l’abysse
son visage identique à celui de l’ange
qui éclaire la nuit
parfois j’entends son murmure
une voix lactée
un sanglot de source
un chant de pluie
Quand il ferme les yeux il comprend
qu’il est habité par une mer intérieure
noire lourde veloutée
jamais les vagues ne dépassent la gorge
pour établir des mots sur une plage
jamais une formulation ne s’échoue
et le silence va d’un bout à l’autre de ses émotions
il pleure de longues heures jamais un sanglot
ne se perd en vol
dans le fond
cieux ensablés corrélations folles
une voix interne parle en vagues
alterne ondes graves sinuosités glauques
une voix qui jamais de parle
n’aborde les mots
comme des îlots
comme des armées à combattre
quand il ouvre les yeux il comprend
qu’un vitrail n’est pas une muraille
mais une porte ouverte à la
lumière
Il est entré dans la maison
sans faire le moindre bruit
sans attirer sur lui l’attention
il était comme la souple signature
d’une lettre aux phrases semblables
à celles que se murmurent entre elles
les feuilles des arbres
celles qui trouvent le mot « fruits » dans toutes les pupilles
des fleurs et le mot « pluies » sous l’aile et l’ombre
du mlian royal
il s’est allongé sur le tapis après avoir choisi
l’écusson central qui représente la source claire et buvable
d’un jardin Persan
comme il n’en existe plus
ailleurs qu’entre les strophes de très anciens manuscrits
Là soudain il s’est endormi dans les bras
de l’harmonie du monde
telle qu’elle s’étudie en rêve
en équilibre comparable à une toupie
qui ne peut s’arrêter de respirer
Sur la hampe se présentent
de multiples fleurs presque vertes à peine
mauves telles les veines à fleur de chair
qui marquent le début du bras la fin du poignet
chacune est la porte secrète du bourdon
pris au hasard parmi tous les bourdons
à la frontière si poreuse de la réalité
faut-il la percevoir simplement
comme identique à toutes les fleurs
L’acanthe
attendrit l’ombre la pare de larges feuilles vert foncé
découpées dans l’étoffe souple qui sert
à cacher la nudité de la patience
S’approche le rêve comme une abeille près de la fleur de lavande
obsession et raison
font de la réalité
cette chose mouvante
perdre le contrôle est sans importance
la fragrance vrombit dès que la fleur se balance
dans le nuage des feuilles et des hampes
ce qui s’écrit s’évapore ce qu’il reste
un souvenir aux saveurs aiguisées
l’envie de ne jamais plus utiliser la menace
pour avancer