
J’aimerais —dit-elle —
à la tête des vagues
rejoindre mes soeurs
mais le vent sait bien
que la rose
iceberg aux reflets de neige éternelle
divague
et disproportionne les souhaits
Petite
et un profil que finissent les fils d’une moustache
une bille de cristal se cache
dans la cavité oculaire
une rose des sables pour sentir l’univers
petite
les doigts sont des boutons de rose recouverts du duvet frais
de la neige
l’infini joue du piano sur les vertèbres d’une rivière qui prend sa source dans l’anneau noir d’une goutte de nuit
petite
enfant fauve
petite
chose endormie dans le pli où l’étoffe de la roche et celui de ta robe
se rapprochent et se mélangent
et se confondent et se perdent
il ne reste que
petite
la tache blanche et lumineuse de ton esprit
qui flotte dans la nuit
Ses mains aux ongles de nacre rose sont posées sur le lac immaculé du drap qui le borde jusqu’au buste. Je viens de lui signaler que la lune ce matin a déposé son tout petit baiser sur ma joue. Il dort. Il n’entend rien. Il ne sait pas qu’elle était rousse, que son visage illuminé semblait frôler la cime des arbres gelés.
La mort est en train de faire un nœud dans ma gorge, je ne veux pas qu’il me voie pleurer. J’ai peur, j’ai froid.
Devant le médecin, voilà qu’il se transforme en statue. Il ne dit rien, il ne répond rien comme s’il était déjà parti.
Ma main le retient : « dis-moi, puis-je revenir demain ? »
Crystalized Rose_Tokujin Yoshioka
Je ne suis plus qu’une forêt
de nervures
ma sensible défaite à la surface d’un ruisseau
pris par la glace crisse au contact de ta voix
la déchirure de l’hiver soudain éveille en toi
le soleil blanc de ton éternelle jeunesse
tu n’attendais plus
que cet incendie de larmes
pour renaître
à ton plus beau principe
Le
Songe
Des roses
Et ma cage se soulève
Une seconde
Me
Dire
Si.
Le ciel est blanc
Et la lune brille comme un soleil.