Manière d’être

Dans le pin l’oiseau

se dépeint et puis parle

des aiguilles et des fruits

qui tissent lentement l’ombre

des frontières floues de la lumière

dans le ciel son envol cherche

le souffle de feu qui lui permet

l’absence 

de battements d’ailes 

l’haleine qui descend de la montagne

et va jusqu’au murmure vague de celle

qui brouille les pistes et célèbre infiniment

les mystères de l’univers

insecte

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luciérnaga

Mon coeur cette luciole

se balance dans une obscurité

bleue

son agitation provoque une effervescence d’encre

bleue

qu’on pourrait peut-être résumer à deux mots

être/absence

l’insecte danse pour produire une inflorescence

bleue

mais qui se soucie des fleurs qui ne s’ouvrent qu’à

la nuit obscure et nue

et ne répandent leur parfum que pour donner

aux apparences

un contour

bleu

pas très précis

Se perdre

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Bertrand els

Le visage de l’absence
dans les coups que je lance
un dédale de traits
les lacets d’une route de montagne
la décence que j’oppose à la descente en pays de silence
le portrait de profil des phrases
que je n’ai jamais pu apprendre
à prononcer
le silence transpire et parfois le regret
se met à me sourire

là boulonné sur un socle
de marbre le monolithe
de son corps acide
résume ses pensées en bloc
impossible de lui opposer
un simple songe sinueux
sans avoir à porter un masque
et un bouclier


Source image: Bertrand Els

Soldats

Soldier Termite (by melvynyeo)

 

Il pleut de l’encre noire

le ciel se fait du mauvais sang

la lune est pâle et s’absente

derrière le rideau de larmes

derrière les nuages

une colonie odieuse

d’insipides insectes impose

les cliquetis mécaniques

et leurs morsures pleines de venin

je ne veux plus pleurer

parce qu’ils ont l’âme de guerriers

et qu’ils ne peuvent jamais trouver

la paix bienfaisante de l’absence

de rancune

 

En lisière

-La soga al cielo-Tintas mínimas I — Pablo S. Herrero
(Pour visiter son blog cliquez sur l’image)

Les arbres au bord du monde sont sur le point de se fondre à l’absence

Il ne nous restera pas même le squelette de leurs branches 

les vents et les pluies ont fait fuir les prairies et les rires

des fleurs

il ne nous reste plus que le temps soudé à un lit d’hôpital devenu presque vague

il nous montre son dos

doux comme celui des collines pour le regard ému qui porte des larmes

dur muet et lâche pour celui qui n’a plus ni les armes ni l’espoir