Dentelles mentholées de feuillages
et de lents silences
ce coeur sombre
se froisse et l’astre lunaire nuance
l’arôme de l’obscurité
la nuit effleure l’orée
du maquis enfui
Dentelles mentholées de feuillages
et de lents silences
ce coeur sombre
se froisse et l’astre lunaire nuance
l’arôme de l’obscurité
la nuit effleure l’orée
du maquis enfui
Elle va
à l’orée du monde
attend
pose
lentement son regard
de gemme fendue de la seule
larme noire de la nuit
sur le mur tu ne vois
que les signatures et les ombres
abandonnées
par ceux dont on
ne sait rien.
Dans ce jardin encerclé par le ciel
la pluie se dessine comme les fils d’une toile d’araignée
on assure que la lumière reste visible seulement dans les fleurs
quelques points se suspendent dans les coeurs
pour déjouer les sorts se préserver du doute et de la peur
s’incruste partout le lapis lazuli
les étoffes outre-mer
habillent l’espace et le vide
et rythment des flots
<iframe src="https://archive.org/embed/habunshu00yusa" width="560" height="384" frameborder="0" webkitallowfullscreen="true" mozallowfullscreen="true" allowfullscreen></iframe>
Pour parler
De la mer les vagues
L’attraction amoureuse d’un astre
Qui ne sait que se taire
Le temps fait de grains grignote
La lumière ou ce qu’il en reste
Lorsque enfin me parvient l’onde
Qui témoigne d’un effondrement sidéral
Pour parler de l’animal en moi
Une âme muette minérale
Qui se persuade qu’il n’est jamais trop tard
Le soleil sur un plateau de nuages
navigue au-delà de la
ligne imaginaire qui finit l’horizon
il frôle les cimes tel un fantôme
la foule des feuilles flamboie
poudre pourpre au coeur des fleurs
qui se soucie de celui qui est seul?
le soleil en mer noie sa propre lumière
l’iris rêve ses sépales comme des ailes
depuis les temps de la fin du Crétacé
Cet insecte craint moins que toi
crétin de se brûler les ailes
Dans le pin l’oiseau
se dépeint et puis parle
des aiguilles et des fruits
qui tissent lentement l’ombre
des frontières floues de la lumière
dans le ciel son envol cherche
le souffle de feu qui lui permet
l’absence
de battements d’ailes
l’haleine qui descend de la montagne
et va jusqu’au murmure vague de celle
qui brouille les pistes et célèbre infiniment
les mystères de l’univers
Petit pan
De terre et son peuple d’herbes sauvages
parmi lesquelles il faut s’habituer à percevoir
oublier d’être capable de renoncer à apprivoiser
l’innommable
ne plus multiplier les négations pour simplement
dire oui
petit pan tremble et vibre
Se déleste de la gravité
apparait disparait
et puis
prend appuis sur le vide palpable de la lumière
celle qui se cache sous le nom de poussières
les ailes hèlent les fleurs
ces halos d’aube ces astres
accessibles de l’infini
Elle fond de l’arbre
la fauvette
comme une larme de lumière
son oeil cerclé de rouge reflète le monde
son bec détient ce qui ressemble à une graine
mais c’est en fait d’un insecte qu’elle se délecte
depuis la branche sans feuille d’un buisson qui pour l’hiver dort encore
elle va papillonnant
la fauvette
du vert au parfum rose
que répand
le géranium rosat quand elle l’effleure
Après avoir fait abstraction du jardin et de son flamboiement de verts, on voit la mer. Jusqu’au Cap Corse et au delà, se déroule l’infinité bleue. Parfois, le vol léger et blanc d’un goéland soulève une vague, fait choir un nuage sur les sommets montagneux si facilement assimilables à la mâchoire fossilisée d’un grand crocodilien figé en cet instant unique et rare où il quitte sa position cachée, à l’affut pour bondir gueule ouverte vers une proie si vite évaporée.
La grande variété de bleus ne permet plus à l’esprit d’établir clairement les frontières entre mer et ciel. Les collines, les montagnes évoluent vers le large comme de vastes et invraisemblables vaisseaux fantômes. Quelques méduses lointaines ne tiennent qu’à un fil de pluie.
Ces bleus-là ne semblent pas être les fils de la lumière, du vent. Ils ne sont pas de ceux qui se laissent filtrer par les fleurs toutes fraîches des mimosas. Ni de ceux qu’enlacent les pins, les eucalyptus. Aucun de ces bleus ne dort sur les faces rocailleuses exposées au soleil.
Toute cette masse est bien trop mélancolique. Une mélancolie qui ne se vit pas comme un reproche de plus à la nature, un revers de médaille. Rien ne semble pouvoir apprivoiser cet animal à la robe pommelée presque grise. On ne peut que le laisser aller largement sans plus émettre le moindre jugement. Il n’est plus possible durant de longues minutes de concevoir la mélancolie, la tristesse profonde et inhérente à la condition humaine comme une émotion amère, âpre et qu’il faudrait chasser au plus vite loin de soi.
La mer telle que la rêve un olivier
La nuit suspendue un instant dans la chevelure des eucalyptus
Au large largué par les brumes
L’horizon
Source image: ici