Prodigue toujours ta beauté sans compter ni parler. Tu te tais. Elle dit à ta place: je suis, puis en multiples sens retombe, tombe enfin sur chacun. Rainer Maria Rilke
This was the view as the International Space Station orbited 256 miles above the Pacific Ocean, southeast of the Hawaiian island chain. View Image Feature
On observe les soleils et les nuances violettes se refléter dans les cieux et les eaux fraîches
mais toi
tu ne vois que la brûlure orange et le cri de la corneille noire
tu ne vois que la crevasse créée par l’animal et sa voix croassante
tu voudrais qu’on te laisse là
seul sur la route qui va
tu es là où l’on ne voudrait pas que tu soies
On observe le ciel les étoiles et quelques coeurs qui tremblent à des centaines d’années lumière
on ne voit pas que tu regardes l’horizon devenir pour toi seul une statue de bronze
Prof. Gordon T. Taylor, Stony Brook University [Public domain], via Wikimedia Commons
Souvent, je fais ce songe où je plonge parmi les ondes froides et claires.
Je dérive, semble-t-il, à la manière des méduses que transportent les courants.
Je nage, je joue à percevoir ce qui scintille et se transforme en nacre, je mange des reflets, des échos, des chants de baleines; j’entends ce qu’elle font des fontaines et de l’oxygène.
à profusion la fraîcheur et la transparence des vagues, à force je ne suis plus qu’un remous.
De longues heures, je ne suis que la vague du large. Je ne croise rien, pas même un aileron pour fendre la surface, une mâchoire pour se saisir de la chair bleu foncé des profondeurs.
Le soleil incline son regard. Soudain ses mains essayent de se saisir des flots. Mais la mer part. Elle s’éloigne et quand elle revient près des rivages, elle a faim.
Elle engloutit l’écume et les bulles, elle avale tous les pollens, poussières parlant la langue du feu et du soleil. Elle mange plancton et krill et crie. Elle me regarde et questionne de son oeil noir et bleu, tranquille et las qu’elle noie dans un silence neigeux de larmes.
Alors je crois qu’il m’est encore possible de regagner les rives et de vivre parmi ceux dont on dit qu’ils sont humains.
La pluie forme une maison invisible, olfactive et musicale qu’on ne peut qu’habiter.
Elle ne comporte qu’une seule piècejusqu’à ce que la première goutte tinte sur ma joue.
Alors j’en perçois la multiplicité des pièces. Les chambres et leurs voilures, les couloirs et leurs longues plaintes, les cabinets et leurs innommables secrets.
J’habite la pluie. Je l’inonde d’un corps. Je l’entrave de meubles, de noms. J’invite l’intérieur à s’extérioriser.Á s’inventer une pelure.