Prodigue toujours ta beauté sans compter ni parler. Tu te tais. Elle dit à ta place: je suis, puis en multiples sens retombe, tombe enfin sur chacun. Rainer Maria Rilke
Son travail sur la guerre d’Ukraine réussit à signifier l’horreur de la guerre. Images insoutenables, elles chassent le voyeurisme journalistique. Ceux qui sont morts et dont les cadavres pourrissent à l’air libre sont des hommes, des hommes. Que reste-t-il d’eux ici, là et ailleurs ?
Les larmes glissent le long de la vitre attirées par une force gravitationnelle elles ne peuvent que s’écouler il en est toujours de nouvelles qui viennent s’agglutiner reformulant l’écriture des trajectoires précisant cet espèce d’effondrement inévitable
les routes neuronales de la pluie ne sont pas que dérives
Au-delà dans le jardin les trames pluviales se superposent comme des voiles selon l’épaisseur selon la limpidité
sous l’olivier l’étoffe est transparente en mer elle est bleutée en montagne elle est duveteuse
Partout la lumière blanche est filtrée
Le noyau de la goutte est une particule d’étoile un point discret une pupille qui ne cesse presque jamais de rayonner par le regard l’effondrement laisse un passage ouvert
la pluie partage et scande le jardin et l’au-delà tel un mille-feuille
La pluie picote dans les flaques se reflètent les petites poules d’eau douce Est-ce cela que le félin observe la transmutation d’une écriture lourde en gouttelettes d’or pur ou attend-il plus simplement comme moi que le temps cesse de grappiller de précieuses secondes
Anish Kapoor, Zonder titel 1992 polystyreen, aluminium, fiberglas, acrylmedium en pigment diameter 220 cm, ruimte 480 x 240 x 380 cm 1993.AK.01
Parmi les nuages
la nuit
l’hiver
le froid
la pluie
la lune
elle finit par descendre et se pose
sur les branches d’un pin aux aiguilles argentées
elle choisit sûrement celui
qui la suivra un jour
enfin ce sera moi
parmi les nuages
la nuit
l’hiver
dans le froid et la pluie
je vois ton visage celui
que tu n’avais pas alors
que tu étais encore en vie
Dehors
le vent la pluie
la nuit
ont fait disparaitre
la colline la mer
le ciel
se froissent et soupirent
s’extirpent
des ombres qui les aspirent
le ciel a peur
de ses fantômes
de leurs cris
de la disparition
ici mon cœur
redoute
de se faire entendre
marche
comme un chat
sourd se suspend
à la branche qui fait de lui
un bourgeon
en silence