
Son coeur est aussi profond qu’un puits
parfois il me regarde depuis
l’abysse
son visage identique à celui de l’ange
qui éclaire la nuit
parfois j’entends son murmure
une voix lactée
un sanglot de source
un chant de pluie
Son coeur est aussi profond qu’un puits
parfois il me regarde depuis
l’abysse
son visage identique à celui de l’ange
qui éclaire la nuit
parfois j’entends son murmure
une voix lactée
un sanglot de source
un chant de pluie
Les larmes glissent le long de la vitre
attirées par une force gravitationnelle
elles ne peuvent que s’écouler
il en est toujours de nouvelles qui viennent s’agglutiner reformulant l’écriture
des trajectoires précisant cet espèce d’effondrement inévitable
les routes neuronales de la pluie
ne sont pas que dérives
Au-delà dans le jardin les trames pluviales se superposent comme des voiles
selon l’épaisseur
selon la limpidité
sous l’olivier l’étoffe est transparente
en mer elle est bleutée
en montagne elle est duveteuse
Partout la lumière blanche est filtrée
Le noyau de la goutte est une particule d’étoile
un point discret
une pupille qui ne cesse presque jamais de rayonner par le regard
l’effondrement laisse un passage
ouvert
la pluie partage et scande
le jardin
et l’au-delà tel un mille-feuille
Elle effile
un nuage
Pénélope
La ville porte sur ses toits
le ciel sa masse nuageuse
énorme comme un carapace
La ville et sa boulimie de pluies
la ville les bruits le tumulte des sirènes de police
La pluie à ma fenêtre
demande un refuge
Je laisse entrer les gouttes
voilà que je pleure
enfin doucement
source image:©Bertrand Els
La pluie tombe et parle
une langue de pétales
de feu
inconnue
et que personne ne parle
une langue qui traduit admirablement
la peur que je ressens à la tombée
de la nuit quand le ciel est
sans étoiles
Parmi les nuages
la nuit
l’hiver
le froid
la pluie
la lune
elle finit par descendre et se pose
sur les branches d’un pin aux aiguilles argentées
elle choisit sûrement celui
qui la suivra un jour
enfin ce sera moi
parmi les nuages
la nuit
l’hiver
dans le froid et la pluie
je vois ton visage celui
que tu n’avais pas alors
que tu étais encore en vie
Dehors
le vent la pluie
la nuit
ont fait disparaitre
la colline la mer
le ciel
se froissent et soupirent
s’extirpent
des ombres qui les aspirent
le ciel a peur
de ses fantômes
de leurs cris
de la disparition
ici mon cœur
redoute
de se faire entendre
marche
comme un chat
sourd se suspend
à la branche qui fait de lui
un bourgeon
en silence
Il pleut. Chaque feuille désormais se fait l’écho d’une goutte. La goutte verte attendue depuis des mois.
Il pleut. La terre profondément sèche est devenue imperméable comme si elle avait perdu tout espoir.
Il pleut. Au loin, on dirait que les montagnes se sont mises en marche. Le ciel tremble. La lune qui se baignait en plein jour dans le ciel cobalt a disparu. Engloutie par la peur.
Il pleut. La nuit est là. Nue et muette. Les larmes lui ont effacé les yeux et la bouche. Elle stagne.
Il pleut et rien n’arrête plus les rumeurs des vagues. Les fleurs ont les bras chargés de vagues.
Il pleut. Je n’ai pas de piano à me mettre sous mes doigts, pas d’instrument, pas de voix. Il pleut et mon coeur habite une caverne comme un tombeau. A l’abri des mots, il bat. Il boit les images que lui envoie le cerveau.
il pleut. Il se noie.
il pleut et je ne pleure pas.
Tu observes la pluie
rythmer la lente dérobade du ciel
chaque larme découpe un peu de clarté
observer est tout ce qu’il te reste à faire
longtemps
déjà
que tu as compris que rien ne changera
ton statut d’ombre
est-ce toi qui patiemment as choisi cette couleur
de jais
avant que ne cesse complètement la première vague de pluie
comme une étoffe trop généreuse ne peut se contenter
d’être simplement le rideau qui cache la scène
tu t’en vas
voilà
la pluie a cessé de procréer
plus personne ne voit
ce que regardaient
tes yeux de jade.
Source image: lindo derin