À l’intérieur de moi, déposée sur une petite table de bois brille une bougie. La moindre respiration en atténue la clarté. La flamme fait vaciller tendrement la lumière jaune que ma vie réclame. Les ombres sont longues et jouent les étranges pièces d’un théâtre magique.
À l’intérieur de moi, brûle une chandelle. Rien d’étonnant qu’elle me fasse écrire de travers, elle est inconstante, elle danse, elle chante et ne pense qu’à la fête. Elle est de la même race que la sève des volcans qu’on croit endormis. Elle est le cheveu arraché à la tête du soleil.
À l’intérieur de moi, parfois tout s’éteint, les vaisseaux s’égarent, les ruisseaux tournent sur eux même et combattent les rivières. Il fait froid, il fait noir, c’est vide. Le temps se crispe, l’amour m’oublie. À l’intérieur de moi, il ne reste que l’ombre et sa gueule béante, elle dévore les jours pour en faire des boulettes de papier chiffonné.
À l’extérieur de moi, on ne voit rien de tout cela, des jeux de la lumière avec l’ombre. Je brille, je ris, on m’aime et puis on ne m’aime plus. Ma main reste franche, mon regard droit, mon manège tourne et j’oublie, j’oublie.
À l’extérieur de moi, on ne voit pas mon doute permanent (restera-t-elle allumée ?), je suis lisse, je suis grand, je suis une farandole. L’inconstance et mes colères osent se faire appeler liberté.
À l’extérieur de moi, je ne laisse transparaître qu’une lueur bleue dans le gris, que certains aiment confondre avec la beauté. Sur mes lèvres le baiser, sur l’épaule un papillon rêvent de s’envoler vers les cieux en prononçant : « pour toujours ». Sur ma tempe tremblote une veinule, au rythme galopant d’une folle bougie.
http://nl.psychiatrie.be/bgdisplay.jhtml?itemname=P_bipolair
Superbe texte qui dit si bien le métissage du dehors et du dedans, la flamme
qui réchauffe les questionnements en toute discrétion, elle aussi qui vacille, danse dans la fidélité à soi-même.
pour vous cette citation de Valente:
» Je tressai l’obscure guirlande des lettres : je fis une
porte : pour pouvoir fermer et ouvrir, comme pupille
ou paupière, les mondes. »
« Tejí la oscura guirnalda de las letras : hice
una puerta : para poder cerrar y abrir, como
pupila o párpado, los mundos. »
José Ángel Valente, Trois leçons de ténèbres, traduit de l’espagnol et
préfacé par Jacques Ancet
Merci à vous
Le gardien des limons
Claude Miseur
Très belle citation, merci.
Une voix magnifique, que je ne connaissais pas. J’admire. Vous devriez trier une soixantaine de vos textes jugés les plus réussis, corriger les fautes éventuelles et les envoyer p.ex. à Xavier Bordes, Revue Po&sie, Ed. Belin, 8 rue Férou Paris 75006. Ou alors en donner quelques uns par mail à la revue « Traversées » à l’intention de Serge Maisonnier, pour commencer…
Cordialement, et bravo pour ces poèmes…
comme faire la connaissance d’un poète voir ses visages intérieurs, entendre son chant
j’ai vraiment aimé cette rencontre à travers une si bellle prose poétique
merci
Ce texte me touche profondément,
merci beaucoup.
on pense à Ponge
au Parti pris des choses