
Elle va
à l’orée du monde
attend
pose
lentement son regard
de gemme fendue de la seule
larme noire de la nuit
sur le mur tu ne vois
que les signatures et les ombres
abandonnées
par ceux dont on
ne sait rien.
Elle va
à l’orée du monde
attend
pose
lentement son regard
de gemme fendue de la seule
larme noire de la nuit
sur le mur tu ne vois
que les signatures et les ombres
abandonnées
par ceux dont on
ne sait rien.
Comme un rocher penché
vers le vide qu’il contemple
mon coeur
***
Toujours de l’astre
je ne vois que le visage
éclairé
***
Et pourtant je sais
qu’il regarde en face
l’obscurité
***
Suspendu à sa propre ombre
il ne défriche pas la forêt
sombre pour se déplacer
***
Dans un nid de lianes et de brindilles vertes
il se console en écoutant
sa propre respiration
***
Il vit malgré lui et c’est
contre la captivité qu’il se bat
mon coeur
***
Petit animal dont la robe luit
et se soulève à chaque souffle
de son propre rêve
***
Parfois quand il n’en peut plus
tout en évitant de se défaire
il se retourne sur lui-même
***
Sous l’olivier je lis
et par dessus mon épaule les ombres agitées de l’arbre semblent courir au delà des phrases,
elles balayent les mots.
L’ombre de l’arbre et moi ne lisons pas le même livre, me dis-je.
Pourtant, je l’entends chuchoter en caressant les signes de la pointe de ses feuilles, elle lit comme si elle était aveugle, du bout des doigts, se sert de la sensibilité tactile des mots, chaque syllabe est un objet, un personnage, un tronçon remarquable du bas-relief qu’elle éclaire à la lumière de son regard.
Il est des signes qui sautent aux yeux et d’autres qui fuient.
Je souligne.
L’ombre suggère de raturer, de hachurer, voire d’arracher la page.
Elle n’a pas tort cette ombre de l’arbre. L’analyse qui propose comme noeuds d’attaches une psychose, une crise oedipienne, une hystérie de symptômes et de phases toutes sorties de la tête de F à de simples oeuvres poétiques, à une aventure telle que le poème ne mérite pas d’être lue par l’être silencieux, l’ombre de l’arbre associée involontairement à ma position.
Mais l’arbre a fini de lire. Il cherche à faire de ma chevelure un feuillage, sa frondaison qui éclabousse la lumière. Mes cheveux sont comme les crinières des prairies, comme les toiles décousues des épeires qu’il malaxe pour qu’elle devienne épaisse ma chevelure comme un nuage.
Les plus longues mèches tendent de s’accrocher aux lèvres, de rester sur mes joues et d’autres de se faire prendre au piège par les cils.
Ainsi adossée au tronc lisant je deviendrais peut-être une partie de lui-même.
Mais lorsque je regarde les mélanges de couleurs, de feuilles, de fleurs à naître je me demande
si je serai à la mesure de leur souplesse
si comme toujours ma démarche saccadée de pied équin
ne passera pas au premier plan
avant que je n’ai eu le temps de me montrer sous mon aspect de végétal
qui ressemble plus aux parfums
qu’il diffuse à la lumière
qu’il absorbe et dévore pour nourrir son ombre.
À peine visible l’éclat brillant de sa pupille
point blanc d’une étoile dans la nuit
se reflète un univers de fougères presque transparent
quelque chose d’infiniment doux et de dur et de cruel
le point où son âme se ressource peut-être
une projection de son ombre intérieure vers le restant du monde
laissé tel qu’il se regarde sans signe sans signification
Il s’est représenté comme dans un rêve sa propre chambre
assis face à la petite table un homme chapeau noir est en train d’écrire
penché vers l’avant on sait qu’il ne peut voir son écriture qui grignote la feuille comme des termites le bois
il ne lit pas que la chambre se délite au profit d’une forêt
traits et rainures
corbeaux d’ébène
il ne vit pas ailleurs que dans sa solitude
parfois il la déteste souvent elle l’inquiète pourtant il sait que salie par les regards désapprobateurs d’une partie du monde celle qui occupe vaguement les humains, il sait que sa solitude est solide comme les jades couleur gras de mouton et les agates dont le cœur est la représentation exacte du temps qui passe et puis se fige.
Il regarde l’homme son opiniâtreté à inscrire son ombre il voit en lui un ami une âme qui se consacre à gaver les lits des rivières de petits corps célestes qui peut-être ne se volatiliseront pas complètement après l’impact.
Sur les opaques chemins des vérités humaines
tu laisses fuir en mouvements lents la ténuité
Quel est donc celui qui prendrait le temps
pour te reconnaître
sans te dénuder
apprécier tes évasements sans briser
ta volonté de ne viser que la lumière
à petits feux fluides
à l’ombre d’un geste qu’on récite aux cieux comme une prière
qui donc laisserait le temps te contourner
pour te laisser épouser
le vide
Je ne risque plus de te faire de l’ombre, me voilà feu de brindilles. Je danse. Mes tendons se tendent, mon thorax se bombe et j’effleure la terre de toutes mes extrémités brûlantes. Je suis prêt à exploser, à me mesurer à cette trace tellement plus grande que moi et qui se cache toujours dans la pénombre. j’ai envie de dévier le monde, de défier mon image. Je veux ne plus jamais être sage et pourtant, j’ai tellement besoin de toi pour me laisser fondre.
Je suis fait pour inviter l’air à passer au delà, inviter le sang à bouillir dans les veines et à chanter dans l’oreille ou le regard.
Je suis le coin pour te cacher qui s’échappe en un vulgaire feu de paille. Où te faudra-t-il désormais apprendre à lire les véritables partitions qui orchestrent la vie?
Prendrais-tu plaisir au grand partage du Bien entre tous les spectres qui n’attendent plus rien et ne croient pas que la mort a déjà rongé leurs os? Voudrais-tu être aussi vaniteux qu’eux en croyant que la lucidité leur rendra ce qu’ils ont abandonné?
Je ne serai jamais le verre d’eau que ton âme espère quand elle se brûle à confondre le désespoir.
Tu le sais, il n’y a d’autre chemin que celui de la sève. Non pas le baiser ou le fruit, la feuille ou la fleur mais le désir jamais accompli.
J’ai trouvé l’image ici
J’ai lu ceci
J’ai lu ceci aussi
et encore cela