Prodigue toujours ta beauté sans compter ni parler. Tu te tais. Elle dit à ta place: je suis, puis en multiples sens retombe, tombe enfin sur chacun. Rainer Maria Rilke
Sous son coeur Soudain s’échouent les méduses Le corps flasque que je retourne ne cache que du sable dur froid humide.
Sous son coeur dans ce sous-bois sous un manteau de feuilles pourrissantes se dispersent les sources souterraines La forêt fredonne
Sous son coeur un réseau de mots imprononçables des noeuds de phrases se lient aux néants Sous sa paume un mille-feuilles et tellement de pétales
Sous son coeur le grand buvard de son bureau tous ses tiroirs et toutes les missives emmurées Sa peur de la réponse la mise à mort des questions la logique la raison Les sous-entendus qu’il faut faire semblant de comprendre
Sous son coeur les couleuvres qu’il a fallu avaler.
Posés là les mots ne t’appartiennent pas ils ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes ils s’ancrent et s’arriment alors tu t’attèles à ce qu’ils restent à jamais seuls et libres là où personne ne se penchera sur eux pour les lire les lier à la langue commune et universelle pour en faire une liqueur dont les vapeurs suffisent pour étourdir tu leur réserves à tous une sorte de porte secrète
Insensiblement la matière se dissout en même temps que s’étend l’univers jusqu’à ce qu’il rencontre la double frontière souple et soluble de lui-même et de l’autre univers invisible va ce vaisseau de poussières particulièrement peu docile presque semblable au vide égal à rien
mais chargé d’une manière infime d’énergie positive
Sous la coquille dans sa capsule une fleur longue à naître ses langues de feuilles son bulbe
Bertrand Els
elle sait qu’en fin de tige elle explosera en maints pétales et pistils blancs
Bertrand Els
quelques grains pourront boire un peu de vent tellement de soleil que la distinction entre lumière et brûlure sombre sera sans importance
Bertrand Els
Sous la coquille la fine membrane qu’il t’est soit-disant interdit de franchir une bulle solaire et au-delà une absence peut-être du jour des heures du temps tel que tu le connais
Le bruit de tes pas au milieu de la forêt et les racines qui entre elles parlent de ta progression comme si tu étais toi aussi un végétal. Le fourmillement de la poussière, l’ombre et son odeur d’humus. Ton souffle, une source.
La canopée déchiffre mon souvenir car je lui demandais vaguement ce qui me faisait souffrir. Ce qui résonne en moi et qui fait en sorte que jamais tu ne t’éloignes? On ne sait pas. Aucune de mes promenades ne parvient jusqu’à la réponse.
Je ne vis pas avec des fantômes morts depuis longtemps, chaque écho, chaque présence s’attache à l’essence de la vie. La transparente résine qui aborde l’azur, La tranquillité de la feuille qui dort loin de sa branche. Le calme épanoui. Voilà ce qui circule dans mes veines, qui connecte mes neurones avec le présent. Tous ceux qui cherchent à me détourner de ce rêve, me mutilent.
La forêt, les arbres comme des aiguilles brodent, les écorces se fendillent et éclatent. Ton coeur écarlate est le navire qui aborde les rives. L’écume de chacune de tes vagues dessinent l’ampleur de ta démarche. Son rythme. Qui peut reconnaître en toi, la valeur du vide? Le corps du rien lové dans celui de l’échec ?
Tu perds, disent-ils, de ton étoffe mais ta robe ne deviendra jamais grise, l’éclat de ton oeil sera toujours celui du jeune fruit et ce que tu écris sans doute s’effacera longtemps, très longtemps après toi, sans que je t’oublie.
Va, vent, lumière de ma vie. Petit flocon de pluie, pollen évanoui au coeur de la ruche. Va, cheval de feu! Sois et reste mon ami.