
La lune
croasse
dans le jardin
***
Cette pupille ronde
n’est pas celle
du chat
***
Se battre pour être soi
c’est ce que fait
ce batracien
***
L’étang étrange
est tétanisé par ces milliers
de têtards
La lune
croasse
dans le jardin
***
Cette pupille ronde
n’est pas celle
du chat
***
Se battre pour être soi
c’est ce que fait
ce batracien
***
L’étang étrange
est tétanisé par ces milliers
de têtards
Source image: ici
Le félin sur le chemin
de ses quotidiennes habitudes
une trace olfactive
à traduire des milliers
de rêves sont passés
partout où il va ondoyant
comme la signature d’un poète
amarrée à l’encolure des phrases
qui lui échappent.
Vent
de gros galets
grelottent
Le chat
Un miaulement au milieu
De la partition
Derrière les yeux comme des perles d’ambre
déjà l’autre monde du rêve
la réalité secrète se laisse tisser de sommeils en sommeils
dans les soies du pelage persiste l’odeur de feuilles l’odeur de la forêt
la terre et ses racines
le soleil et ses bractées
le sommeil respire en soulevant l’univers comme s’il était devenu cette bulle d’air
portée par le vent
s’offrent les coussinets et les vibrisses les griffes rétractiles et les canines d’un blanc ivoire
du carnassier dont le moteur soudain se met à ronronner
La colombe quotidienne trempe la pointe du bec
afin que l’eau auréole autour de ce point
perde son équilibre de tranquillité endormie
la guêpe de son corps vibrant guette les douceurs
du petit-déjeuner
Où se rejoignent ces circonvolutions voulues et presque
semblables
Qui aimerait croire qu’il suffit d’un mot
d’une phrase pour que se produise l’unification universelle
Dans l’infiniment bleu
se baigne la carpe koi
couleur d’écume
je me suis placée à l’extrême bout d’un papier déchiré
et j’ai regardé droit devant moi l’île en faire autant
chaque partie d’elle même voulait intensément la mer
non pas dans les petits morceaux de ses vagues
dans une perdition d’écumes caressantes et d’aubes naissantes
de là, je suis partie vers l’écriture menacée sans sentir sur mon désir la moindre menace d’un réel prédigéré
au rythme du mot naissant sous mes pas de crayon promeneur envahi de silence et du bruit que fait un grain de poussière caressant un autre grain de poussière à la recherche d’un autre lui-même,
à ce rythme-là et non pas à celui qui mesure malgré lui, j’ai parcouru l’île.
Morceau arraché à un tout de la blancheur par un geste qui défait insatisfait ce qu’il vient d’unir presque malgré lui.
il me reste à présent à le relire à moins que définitivement je décide de l’oublier entre les pages d’un livre.
je ne crois pas
je croasse
je suis un oiseau de malheur
dit-on
mais heureusement je le crois pas
quand je me croise
dans un autre je vois
plumes de jais et encres violettes
qui de leurs plus belles voies
m’inscrivent dans un nid
de neiges et d’aiguilles
grappillées aux pins les plus foncés
Aller jusqu’au bout de moi sans
avoir même le droit de penser
y parvenir
là faire une pause s’assoir sans
plus voir ici
aucune jambe malade
regarder
comparer l’infini
gardé en mémoire
partout des voies ourlées par les vagues
dessinent aux
certitudes volcaniques du jeu qu’est la durée
des corps des visages de statue
aller les ailes devenues un fardeau
sur les chemins d’un retour
sans parvenir à joindre ses pas
à leurs empreintes
aller l’ombre entaillant l’espace qu’explore
inlassablement le soleil
J’avais tant chercher le point
à partir du quel je pourrais établir
mes racines
ce qui ressemble vaguement
aux souffles vivants des souvenirs
haleine de mon âme
que mon attention se laissa contenir
dans un cadre
un cadre comme ceux qu’on fabrique aux miroirs
qui avec le temps
arrondissent les angles
au centre la fente d’une pupille de félin
mon regard n’avait rien de féroce
nourri de soleil il avait soif
soif de cils
un trait à la fois pour l’ombre et la poussière
un trait au départ d’une lettre à la fin d’une larme
à force de plonger au sein de ce qui fait le regard
j’atteindrai peut-être la plage irisée
laiteuse comme la peau
du visage
de la lune
la nuit sera le multiple de ce point sombre
qui n’existe pas
énergie noire de mon regard
comment n’a-t-il point perdu espoir?!
Image ©Bertrand Els