Pourparlers

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Pour parler 

De la mer les vagues 

L’attraction amoureuse d’un astre

Qui ne sait que se taire 

Le temps fait de grains grignote 

La lumière ou ce qu’il en reste 

Lorsque enfin me parvient l’onde

Qui témoigne d’un effondrement sidéral 

Pour parler de l’animal en moi

Une âme muette minérale 

Qui se persuade qu’il n’est jamais trop tard

Face cachée

Gao Xingjian

Comme un rocher penché

vers le vide qu’il contemple

mon coeur

***

Toujours de l’astre 

je ne vois que le visage

éclairé

***

Et pourtant je sais

qu’il regarde en face

l’obscurité

***

Suspendu à sa propre ombre

il ne défriche pas la forêt

sombre pour se déplacer

***

Dans un nid de lianes et de brindilles vertes

il se console en écoutant 

sa propre respiration

***

Il vit malgré lui et c’est 

contre la captivité qu’il se bat

mon coeur

***

Petit animal dont la robe luit

et se soulève à chaque souffle

de son propre rêve

***

Parfois quand il n’en peut plus

tout en évitant de se défaire 

il se retourne sur lui-même

***

Coassement

AppleMark
soft sculptures-sculptures textiles arborescence du coeur drap, dentelle, broderie et perles/ 95cm x 55cm x 35cm

Le coeur est-ce ce

point à équidistance de la peine et du bien-être

ce grain prêt à germer posé sur la balance d’une seconde qui oscille

est-ce cet astre fluorescent dans la nuit de la conscience cherchant une ombre conciliante

est-ce ce qui grince et se bouscule dès l’ouverture d’une nouvelle faille

ce qui bat des ailes au sommet des fleurs frôlées

ou est-ce ce crapaud coincé dans la gorge et qui coasse

plus fort que tous les autres batraciens prisonniers

moi moi moi


site de l’artiste: ici

Effrangement

web page2
Derek Bransfield

Parmi les épines    les feuilles    les fleurs
sur les branches les plus fébriles
les citrons sont
la traduction des allées et venues du soleil

Elles sont plusieurs à se servir du jaune citronné
comme couleur pour parcourir leurs pétales
tout au long de la floraison        Certaines préfèrent se référer
au goût acide suggéré     par le fruit     lent à mûrir.     D’autres rappellent la naissance ancestrale de l’astre
alors qu’il n’était que poussière     d’étoile     suspendu     au bord des étamines.
Il n’en est qu’une qui renonce     parmi toutes celles qui reproduisent
aveuglément
toutes les sautes d’humeur du fruit.
Une seule
a choisi pour danser autour de son coeur
qui ne serait pas un trou noir    des pétales frangés si légers
qu’ils ne peuvent porter   un vulgaire goût de citronnade.
Une renoncule a tout fait pour être touchée par ton regard.
L’or ne t’intéresse pas     l’obscène abondance te donne la nausée        l’extrême                             pauvreté te révulse.
Pour faire partie de ton jardin         il faut si l’on veut devenir une fleur         avoir l’audace de n’être presque rien.
La couleur sera celle du soleil
blanc comme une paupière de nourrisson     endormi dans un ciel laiteux.


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