
Quand il ferme les yeux il voit
un arbre les feuilles bruissent
il entend les cris de créatures
minuscules à la place du visage
un masque souriant d’où s’extirpe
un regard
pupilles brillantes telles l’eau nocturne
d’une flaque et il se demande pourquoi
du jour au lendemain son quotidien
a été gommé
a disparu
en même temps que la porte blindée de son appartement
que les fenêtres
tant d’éclats sur le sol
pourquoi les écoles n’accueillent-elles plus que les vieillards
pourquoi les villes se sont-elles embourbées
il connaît la réponse mais il ne veut la formuler
depuis qu’il a vu son voisin transformé par la mort
en une brutale sèche et rocailleuse sculpture
rongée par la peur surprise par une douleur
monumentale
On peut apprécier le travail d’Antoine d’Agata notamment sur sa page instagram.
Son travail sur la guerre d’Ukraine réussit à signifier l’horreur de la guerre. Images insoutenables, elles chassent le voyeurisme journalistique. Ceux qui sont morts et dont les cadavres pourrissent à l’air libre sont des hommes, des hommes. Que reste-t-il d’eux ici, là et ailleurs ?