sombre lecture

https://www.instagram.com/bertelsac/

Les ombres sur le tronc 

rassemblent tel un troupeau

le murmure des feuilles 

balayées par le vent 

L’écriture dans ses rainures pourchassant des bribes

Décrypter des variations infimes

Représenter ce que personne ne regarde

Amasser mystères énigmes débris du quotidien

Émonder la vie pour obtenir simplement sa parole 

Cette quête d’évidence
n’a pas d’autre fonction que celle
de découvrir les membranes fines et légères qui partagent le temps en autant de rêves 

Décider d’une frontière et d’autres encore 

Qui ne s’abolissent pas

Le peuple des plantes

©cc

Par la fenêtre je vois
la corneille mantelée tenter de résister
la mer murmurer de plus en plus de vagues
la première colline absorber toute la chaleur du soleil
les montagnes peu à peu se faire manger par des nuages

Les sommets enneigés diffusent leur haleine froide
Les versants frissonnent
La mer grelotte
Les voix chaudes du vent descendent d’une octave
Dans les forêts pourtant
Le peuple des plantes refuse de se soumettre

Hasard


La toute première photographie d’un trou noir. (Source : Event Horizon Telescope Collaboration.)

C’est la danse de quelques poussières
mouvements aléatoires
parfaitement
synchronisés

mesure du temps
combats de 2 contre 1
et dans 63% des cas
victoire du carnivore alpha

c’est un théâtre où les forces
s’opposent ou se rejoignent
les territoires s’étendent s’éloignent
sous l’effet de l’énergie noire

Au centre de chaque galaxie
une toupie
un trou noir massif
qui dicterait au hasard
sa course

Collection

Sur l’appui de fenêtre ma collection de cailloux
exposée aux vents à la pluie
Quelqu’un est venu y blottir un trésor composé
de faines et de glands du grand hêtre et du chêne qui trônent si loin
à l’orée du parc si près du cimetière.

parmi les roches blanches et douces cueillies d’entre les mains des vagues
parmi les bonbons caramels récoltés aux creux des chemins
parmi les petites pupilles qui vous regardent depuis les plis d’un ruisseau, imitant tellement bien le jeu des têtards

Il y a désormais ce que surveille depuis le peuplier d’en face
le corbeau noir

Son reflet devient bleu lorsqu’il piaille depuis le toit de l’immeuble voisin
son cri éloigne les importuns qui pourraient peut-être s’intéresser de près ou de loin
à la collection de cailloux

comme celle que vénèrent en secret les enfants.

Noir au fond de son âme


Simulation du comportement d’un rayon lumineux bleu à l’approche d’un trou noir (non visible). À mesure de son approche se produit un effet de dilatation du temps. À cause de cet effet, la longueur d’onde de la lumière augmente, et la couleur de la lumière passe progressivement du bleu au rouge, en passant par toutes les couleurs ou longueurs d’onde intermédiaires.

Le vent chante au quatre coins

de la fenêtre

d’une flamme il

incendie le cadre

il prendrait feu le tableau

s’il ne faisait noir au fond de son âme

s’il ne pleuvait pas inlassablement  dans 

sa tête son ventre

des singularités

le vent est l’instrument des étoiles

qui tendent leurs vrilles et filent vers

l’horizon des évènements

qui les avale

Orage

19748434_448481105529259_8515863899897109775_n
©Bertrand Els via https://www.facebook.com/profile.php?id=100011021192160

Au dessus de la mer
le ciel est un mirage
la ligne imaginaire
qui les joint l’un à l’autre
est absente
tirée par un cil de lune
une vague et son écume
annoncent les nuages

une gorgée de vent
une gorgée de ciel
une gorgée de source d’entre les pierres
l’orage est en mer
mais qui s’en soucie ici

un cheval comme une nef
rapporte du large
une robe presque noire
déjà grise fouettée de lumière encerclée
d’ombres formant des o

Ce qui bouillonne je le comprends
c’est ce que personne ne peut voir
de prime abord
cet univers sous-jacent qui prend tant d’espace

sous la surface où accourent les larmes
se mélangent en un éclair

impressions et sentiments

se défont de leur fourreau de soie quelques
psychés
la nuit se rempli de chants
inouïs

Antre

15875432_359418551102182_6176054266455731068_o
Cave- Bertrand Els

©Bertand Els

Mémoire minérale assemble
heures et journées
en faisant d’elles coulées de laves
ruissellements d’étoffes chaudes et froides
objet improbable optant pour la fluidité du feu
et la brûlure sèche de la faille
écriture folle à lier déliant les langues ancestrales
celles qui ne parlent jamais de la nuit en la dénonçant
toujours ma solitude enrayée divague
au plus profond d’elle le rêve et
ce qu’il reste d’éclats aux miroirs noirs
la transcription brisée hallucinée de
l’écho diffus
un enchevêtrement cosmique
se propage à la manière des vagues et des naissances
chaotiques

Territoires

tumblr_ntl6ugwAQG1rvcmm7o1_1280
Secret Skeleton Image from work by Guisheng Zhong and colleagues Harvard University, USA Originally published under a Creative Commons Licence (BY 4.0) Research published in eLife, December 2014

il pleut
des étoiles
car chaque goutte
étincelle
et parle
et ce n’est pas l’ensemble du ciel
qui pleure
ce n’est juste
qu’un tout petit endroit
là où les perles
se trouvent à l’étroit
dans le noir démesurément
froid
il pleut
mon rêve
éparpille
les mots
intersections du souvenir
s’agrippe
malgré moi
l’araignée qui règne
sur mes territoires
afin qu’il ne reste
au cœur comme le nombril
d’une tornade
plus que
l’oubli viscéral

Pièces

jaybrockman: More work by Robert Toll. Pieces of metal become pieces of art. #metal #fineart #figure #art #dtla #losangeles #ca (via colin-vian)
jaybrockman:
More work by Robert Toll. Pieces of metal become pieces of art. #metal #fineart #figure #art #dtla #losangeles #ca
(via colin-vian)

Je construis un château de cartes

entre les lettres le vent aisément

glisse ses doigts d’enfant

chaque mot se soulève telles

les lames vertes de la mer

Je construis des constellations

qui ne relient entre elles

que des graines de poussières

un sourire moqueur et voilà

qu’elles pleurent

Je me construis des ailes

qui battent l’air comme ton coeur

brasse la vie tes paupières les souvenirs

j’apprends tout doucement

à marcher sur les aiguilles séchées

des pins d’Alep

qui servent d’éclats à l’été

qui se brise à leurs pieds