Prodigue toujours ta beauté sans compter ni parler. Tu te tais. Elle dit à ta place: je suis, puis en multiples sens retombe, tombe enfin sur chacun. Rainer Maria Rilke
Par la fenêtre je vois la corneille mantelée tenter de résister la mer murmurer de plus en plus de vagues la première colline absorber toute la chaleur du soleil les montagnes peu à peu se faire manger par des nuages
Les sommets enneigés diffusent leur haleine froide Les versants frissonnent La mer grelotte Les voix chaudes du vent descendent d’une octave Dans les forêts pourtant Le peuple des plantes refuse de se soumettre
Sur l’appui de fenêtre ma collection de cailloux exposée aux vents à la pluie Quelqu’un est venu y blottir un trésor composé de faines et de glands du grand hêtre et du chêne qui trônent si loin à l’orée du parc si près du cimetière.
parmi les roches blanches et douces cueillies d’entre les mains des vagues parmi les bonbons caramels récoltés aux creux des chemins parmi les petites pupilles qui vous regardent depuis les plis d’un ruisseau, imitant tellement bien le jeu des têtards
Il y a désormais ce que surveille depuis le peuplier d’en face le corbeau noir
Son reflet devient bleu lorsqu’il piaille depuis le toit de l’immeuble voisin son cri éloigne les importuns qui pourraient peut-être s’intéresser de près ou de loin à la collection de cailloux
Simulation du comportement d’un rayon lumineux bleu à l’approche d’un trou noir (non visible). À mesure de son approche se produit un effet de dilatation du temps. À cause de cet effet, la longueur d’onde de la lumière augmente, et la couleur de la lumière passe progressivement du bleu au rouge, en passant par toutes les couleurs ou longueurs d’onde intermédiaires.
Au dessus de la mer
le ciel est un mirage
la ligne imaginaire
qui les joint l’un à l’autre
est absente
tirée par un cil de lune
une vague et son écume
annoncent les nuages
une gorgée de vent
une gorgée de ciel
une gorgée de source d’entre les pierres
l’orage est en mer
mais qui s’en soucie ici
un cheval comme une nef
rapporte du large
une robe presque noire
déjà grise fouettée de lumière encerclée
d’ombres formant des o
Ce qui bouillonne je le comprends
c’est ce que personne ne peut voir
de prime abord
cet univers sous-jacent qui prend tant d’espace
sous la surface où accourent les larmes
se mélangent en un éclair
impressions et sentiments
se défont de leur fourreau de soie quelques
psychés
la nuit se rempli de chants
inouïs
Mémoire minérale assemble
heures et journées
en faisant d’elles coulées de laves
ruissellements d’étoffes chaudes et froides
objet improbable optant pour la fluidité du feu
et la brûlure sèche de la faille
écriture folle à lier déliant les langues ancestrales
celles qui ne parlent jamais de la nuit en la dénonçant
toujours ma solitude enrayée divague
au plus profond d’elle le rêve et
ce qu’il reste d’éclats aux miroirs noirs
la transcription brisée hallucinée de
l’écho diffus
un enchevêtrement cosmique
se propage à la manière des vagues et des naissances
chaotiques
Secret Skeleton Image from work by Guisheng Zhong and colleagues Harvard University, USA Originally published under a Creative Commons Licence (BY 4.0) Research published in eLife, December 2014
il pleut
des étoiles
car chaque goutte
étincelle
et parle
et ce n’est pas l’ensemble du ciel
qui pleure
ce n’est juste
qu’un tout petit endroit
là où les perles
se trouvent à l’étroit
dans le noir démesurément
froid
il pleut
mon rêve
éparpille
les mots
intersections du souvenir
s’agrippe
malgré moi
l’araignée qui règne
sur mes territoires
afin qu’il ne reste
au cœur comme le nombril
d’une tornade
plus que
l’oubli viscéral