Demain

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Les herbacées en essaims 

orange violets rouges et bleutés

face à la colline qui retient son souffle

la nuée en mer les nuages au ciel

un éclat de source bruit

les gouttes appellent le pas pressé de la tortue

le froufroutement de plumes dans l’arbre

s’échappent sur les murets les lézards et leurs ombres minuscules

du pommier il neige quelques pétales et une saveur de fruit

qui ne dérange pas l’abeille

le thym a la tête dans les étoiles ses fleurs frémissent 

et sont sur la même longueur d’onde que les lavandes stéchades 

et les mauves 

plus loin l’iris se voit 

attribuer sa propre lueur blanche

le coeur serré une fourmi entre dans la nèfle la plus éloignée de la cité

se balance sur le dos de ma main celui qui sera demain

peut-être le tigre de l’herbe

Le Flambé

Iphiclides podalirius-©cc

Le soleil sur un plateau de nuages

navigue au-delà de la

ligne imaginaire qui finit l’horizon

il frôle les cimes tel un fantôme

la foule des feuilles flamboie

poudre pourpre au coeur des fleurs

qui se soucie de celui qui est seul?

le soleil en mer noie sa propre lumière

l’iris rêve ses sépales comme des ailes

depuis les temps de la fin du Crétacé

Cet insecte craint moins que toi

crétin de se brûler les ailes

Immersion

un oiseau glisse sur le ciel du jardin
d’autres se posent sur la mer pour le conciliabule quotidien
le chat égal à lui-même traverse son territoire se penche pour boire
à la mémoire de ses ancêtres

Pour accompagner les collines bleues à la baignade
un poisson-pilote et un nuage muet

un iris violet décide que c’est désormais le printemps
peu importe les voix qui lui chantent qu’il se fourvoie

Que peut-on dire face à la langue élancée de ses feuilles

L’hiver

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Rogan Brown

Sous mes pas les oxalis
crissent
mais c’est mon cœur qui se froisse
comme si de moi on faisait
un bouquet de fleurs séchées
jamais elle ne se tait
cette chanson qui chuchote
acide âcre à meurtrir une rivière l’hiver
que nulle part je n’ai de place
au loin au large le soleil étire les ombres
des arbres voilà que les rochers montrent
leurs griffes de félin qu’on amuse
sous mes pas les oxalis crissent
les flux verts se laisser croquer
par mes pieds
un chœur des voix multipliées
découvrent le bruit que fait la vie véritable
qu’un vortex incroyable est sur le point d’émouvoir
est-ce la nuit qui vient de tomber?


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