
je ne peux pas aller au-delà de quelques pas
à deux doigts de franchir ce que je considère
comme étant ma propre barrière de corail
qu’elle se délite
qu’elle blanchisse
elle frémit le mot infranchissable en toutes lettres
grâce au bruit de ses vagues et de ses feuillages
je ne peux pas aller au-delà de quelques phrases
je nage je mâche chaque mot même ceux du danger
et puis les recrache avec la brume et l’écume à
la crête des vagues
je ne peux pas aller ailerons libres au-delà de quelques frontières symboliques
pourtant je sais que depuis que j’existe je fuis je fus sèves et pollens
flots engloutis lave soudaine sertie de fumées d’incendies
je ne peux être que la fourmi d’une mécanique animal, le grain de sable ou la cendre qui grince et salit les rouages je ne peux être que brindille paille
le feu c’est autre chose
peut-être la poésie?