Brindille, paille

je ne peux pas aller au-delà de quelques pas

à deux doigts de franchir ce que je considère

comme étant ma propre barrière de corail

qu’elle se délite

qu’elle blanchisse

elle frémit le mot infranchissable en toutes lettres

grâce au bruit de ses vagues et de ses feuillages

je ne peux pas aller au-delà de quelques phrases

je nage je mâche chaque mot même ceux du danger

et puis les recrache avec la brume et l’écume à 

la crête des vagues

je ne peux pas aller ailerons libres au-delà de quelques frontières symboliques

pourtant je sais que depuis que j’existe je fuis je fus sèves et pollens

flots engloutis lave soudaine sertie de fumées d’incendies

je ne peux être que la fourmi d’une mécanique animal, le grain de sable ou la cendre qui grince et salit les rouages je ne peux être que brindille paille 

le feu c’est autre chose

peut-être la poésie? 

Latente

 

 

L’aileron du requin

L’apparition évanouie d’une simple symphonie dont on ignore l’origine

Le corps perdu de Morphée

La danse lumineuse d’une chevelure libérée des nœuds qui s’accumulent au cours d’une vie

Le dard de la raie après les caresses inouïes de ses nageoires de velours noir

L’impérial nuage argenté de milliers de petits visages curieux

La fleur mystérieuse qui éternellement voyage en happant le ciel

Le spectre de la certitude qui malgré les évidences que m’offre l’univers en se laissant transpercer par mon regard s’échappe tranquillement et se met hors d’atteinte.