
La feuille blanche de ton esprit, aussi légère qu’une spore, insaisissable te suit dans chacun de tes mouvements. Point de départ, envol, développement, issue, en combien de temps conçois-tu la symphonie qui ne me parle que de toi de détail en détail.

La feuille sur sa tranche la plus fine, ondule et module ton parcourt sans que tu puisses avec précision dire de quoi et à qui elle parle. Mais tous nous savons qu’elle évoque ta présence silencieuse et attentive, discrète et mystérieuse. Ton évaporation se décline en quelques notes colorées, en visions floues. Elle devrait se terminer par les certitudes dont ton existence s’acharne à questionner les ambivalences.

Comme un sépale révèle la fleur, la feuille propose une idée de toi. Elle accentue le détail, elle signale que tu n’es pas aussi absent qu’on le croit. À chaque instant, tu mesures sur le fil la beauté furtive des choses et des êtres vivants sans jamais la dégrader en humiliant.

La feuille blanche se baigne dans un semi-rêve. Un rien suffirait à rétablir un lien avec la réalité. Construction géométrique parfaite, abstraction de l’absurde lourdeur, la lumière sur le faîte excelle à suspendre le temps. Subtilement, tu serpentes parmi les matières, les couleurs. Tous les airs de printemps que tu as dans la tête s’inscrivent comme un rêve dans la mémoire de la personne qui se réveille un instant.
Jolie définition de votre écriture poétique. J’approuve !!!
A l’onglée liminaire
L’œil du photographe
Va de seuil en lisière
Joli flottement de voile
Dans un vague croisement
De tiges et de tubercules
Entre tissu et feuille de végétal
Quelque liséré de verdeur pâle
Borde une épaisseur de pellicule
Linge mouvant suspendu à un fil
Dans un souffle de vent
Sur quelque terrasse d’arrière-cour
Dans une ville blanche comme Oran
Mais peut-être n’est-ce qu’un regard
Objectif
Sur une efflorescence vaporeuse de potager
Qui fait paraître toute autre association d’idée
Quelque peu pompeuse.