Fêlure

La ville pour me parler de ma solitude diffuse autant de traces insolites que j’engrange au fur et à mesure comme s’il me fallait retrouver le chemin d’un retour. Quel serait le point de mon départ ? Comment débuteraient toutes ces phrases qui restent coincées dans ma gorge ou serpentent avec peine dans les tremblements de mes doigts ?

La ville me montre comment elle ploie sous le fardeau des regards distraits, inquisiteurs maladroits gommant les différences en feignant de ne pas les voir. Plus loin, elle se redresse, amusée, éternellement étrangère à elle-même dans un vêtement tout plissé. Elle marche silencieuse en longeant les murs, en frôlant les frontières. Elle se dérobe à toutes les représentations que j’aimerais donner de moi, de nous simples humains parmi les choses en me servant d’images. Je l’arpente, elle me guette. Je la capture, elle m’échappe.

Le soir, quand mon travail est accompli, je contemple sa fuite et la mienne. Je regarde pétrifié, mon impossibilité à être selon les schémas et les grilles de la norme et je chiffonne agacé toutes les pages de mes carnets de dessins, partant une nouvelle fois à la recherche de cette faille qu’il m’est impossible de nommer.

Une réflexion sur “Fêlure

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