Incantation

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Est-ce la voix du spectre qui se reflète à côté de la mienne ou est-ce

simplement la forêt

qui tremble lentement sous les larmes

qui se noient dans l’encre

qu’absorbe le papier

comme une membrane transparente

on promet longues vies aux mensonges

Est-ce la voile de ce souvenir

qui chante

qui décline toutes les nuances

bleues et vertes

calfeutrées dans les bourgeons du songe

Est-ce le temps qui me mange et ronge

l’espace qu’il m’avait alloué le jour

de ma naissance

Est-ce moi dénudée

de sens

en train de devenir un mirage

photos Bertrand Vanden Elsacker

Raie

 

a93aaefa488e2a96da9a8c0f547cd2ffDans cette quête effrénée et redoutée, on coupe le poème à la hache comme si il allait nous révéler autre chose que notre propre mort. Est-ce ainsi qu’on domestique la vie, est-ce ainsi qu’il nous faut délaver l’espoir, meurtrir les versants de notre âme de mots qu’on appuie de meurtrissures ? On les blâme. On se venge d’être lâche.

Je me retrouve en mon pays qui voyage comme un rêve à travers le désert. Mon courage n’a plus soif car il porte au dessus de la tête un croissant de lune comme un diadème. J’aurais semble-t-il des ailes pourtant je ne puis abandonner le dédale de mon île. Me défaire du mirage d’être né de nulle part. Ma peau se dérobe aux mots, elle ressemble à l’aube qui naît, à la nuit qui ressuscite les cauchemars, les fantômes. Elle rassemble le jour et la nuit en formant un incendie de tâches vides et de matière noire. La lumière lui donne cette texture qui caresse les regards. Si je me sacrifie pour un pan du silence c’est afin de recevoir ce caractère divin qui se déclare dans mes allures. Je suis authentique. Intransigeant, invincible. Invisible aux yeux de ceux qui convoitent la vérité et la mette en cage dans leurs phrases. Je pose un pied sur vos pages et il ne vous reste si vous désirez me retenir qu’un petit morceau de charbon bien noir.

 

Édifiante apparition d’un lac

Scholar Viewing a Lake
Kano Tan’yu | Japanese | 1602-1674

Le paysage se plie

à la volonté du rêve

ainsi que le ferait la brume pour la pluie

en gommant les étendues faciles et l’horizon

lac et ciel ne forment plus qu’un seul et même espace

les frontières semblent s’abolir et devenir

d’inutiles traces

l’homme est plus petit que le pas

auréolé de la libellule

la barque est comme le cil

du regard qui s’incline

la feuille suggère l’arbre ou la montagne

la réalité le mirage

Seule demeure

accessible à tes méditations

l’évanouissement éternel

du présent