De la veine

Ant on Desk

Par SteampunkGypsy [CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)%5D, de Wikimedia Commons


 

Sur cet avant bras qui est le mien

le long de la veine bleue 

qui va vers le poignet 

une fourmi avance

arrivée au point où débute la main

elle se demande vers quel doigt progresser

elle tâte l’air et touche la peau de ses antennes

mord le pli dessiné par une ride 

et choisit la voie qui va

vers le pouce 

celui qui ne bouge pas d’un pouce

celui dont je regarde l’ongle rose

comme un pétale 

la fourmi explore l’arc 

il ferait le pont se dit-elle entre moi

et le reste de la colonie

je pose à plat la main sur la table en bois

et la fourmi va en suivant d’autres veines

Nature morte

frtis van den berghe
Frits van den Berghe

Il y a longtemps, à la fin de l’hiver,
la lune est descendue sur terre.
Lorsqu’elle a posé le pied
sur la cime de quelques arbres
qui se trouvaient là par hasard,
les branches se sont tendues
comme les doigts griffus d’une toile
d’araignée.
Une forêt s’est mise en marche.
La procession suivait le même chemin
que le canal, le chemin qui mène au cimetière.
La lueur de la lune était solaire
orange pourpre et or
son reflet dans l’eau lente éclairait les visages
que portaient les arbres comme des masques.
Je ne compris que plus tard ce que
la lune avait mis si merveilleusement en scène
ta main plus jamais n’accueillerait la mienne
comme un petit feuillage.
Le tableau qui trônait dans le salon,
embrouillé de larmes,
fait de taches de couleur où je ne voyais
que les coups du pinceau qui ne se tenait
à aucune règle et ne mesurait plus le geste.
Le tableau si sombre recouvert de poussières,
le tableau que mon regard d’enfant à force de le parcourir
avait remplis de rides s’était laissé soudainement appréhender.
Ce n’est pas une forêt en fête qui marche
ce n’est pas un cortège de feuilles mortes
qui glisse sur l’eau noire,
c’est un cirque qui arrive dans un village,
c’est la vie qui nous invite à jouer
un rôle qui comme un habit trop petit
ne nous sied pas et ne contribue pas
à notre épanouissement.