faire trembler le monde

Dans le parc je marche près de toi
je donne désormais la main à un fantôme

plus personne ne voit que tu m’accompagnes

que tu alignes ton ombre à la mienne

que ton pas est dans le mien

que ton regard est au-delà des chemins

dans les feuillages et leurs grands frissons

dans les forêts les sols questionnent ta respiration

ce souffle qu’imitent les sources souterraines

dans les prairies ce sont tes longues hésitations 

et tes soupirs face aux problèmes qui rejoignent

le bourdonnement comme si
ta démarche que la danse déploie

dans ce qu’elle a de plus extrême
était en mesure de faire trembler
le monde

Une ombre

Le monde est une ombre et pour l’éclairer tu n’as que 

les mots d’un poème

dans lesquels tu ne te reconnais pas

une ombre épaissie pour l’élucider tu n’en as que l’idée

comme une rose du désert mi rage mi poussière

Une ombre et sa parole donnée à ce fantôme qui porte

le même nom que toi et

dans lequel tu peines à reconnaitre 

ce qu’il a de toi si ce n’est 

son coeur presque déjà froid et sa voix 

qui se délite au contact des lettres fébriles

K et O


source image: ici

Canopée

©Bertrand Els

Le bruit de tes pas au milieu de la forêt et les racines qui entre elles parlent de ta progression comme si tu étais toi aussi un végétal. Le fourmillement de la poussière, l’ombre et son odeur d’humus. Ton souffle, une source.

La canopée déchiffre mon souvenir car je lui demandais vaguement ce qui me faisait souffrir. Ce qui résonne en moi et qui fait en sorte que jamais tu ne t’éloignes? On ne sait pas. Aucune de mes promenades ne parvient jusqu’à la réponse.

Je ne vis pas avec des fantômes morts depuis longtemps, chaque écho, chaque présence s’attache à l’essence de la vie. La transparente résine qui aborde l’azur, La tranquillité de la feuille qui dort loin de sa branche. Le calme épanoui. Voilà ce qui circule dans mes veines, qui connecte mes neurones avec le présent. Tous ceux qui cherchent à me détourner de ce rêve, me mutilent.

La forêt, les arbres comme des aiguilles brodent, les écorces se fendillent et éclatent. Ton coeur écarlate est le navire qui aborde les rives. L’écume de chacune de tes vagues dessinent l’ampleur de ta démarche. Son rythme. Qui peut reconnaître en toi, la valeur du vide? Le corps du rien lové dans celui de l’échec ?

Tu perds, disent-ils, de ton étoffe mais ta robe ne deviendra jamais grise, l’éclat de ton oeil sera toujours celui du jeune fruit et ce que tu écris sans doute s’effacera longtemps, très longtemps après toi, sans que je t’oublie.

Va, vent, lumière de ma vie. Petit flocon de pluie, pollen évanoui au coeur de la ruche. Va, cheval de feu! Sois et reste mon ami.