
Quelque chose semble ne jamais guérir
une blessure éternelle
hante
J’ai essayé plusieurs fois de chasser ce spectre ou de le comprendre
sa réponse est toujours la même
:
c’est pour te prémunir
L’angoisse féroce comme si j’habitais la grotte de mes ancêtres
ce qu’elle cache je n’ose le regarder en face
c’est l’exploitation par des humains de mes terreurs animales
c’est cet instant où tu sais que tu es brisée parce que tu es décidée à ne plus jamais fondre en larmes
l’éducation par les « ça t’apprendra »
« ça te fera une belle jambe » pour touiller dans la vase
serais-tu coupable d’avoir osé
avoir mal
parfois tu en viens à vraiment vouloir cette mort dont tu n’avais même pas l’idée qu’elle puisse exister
des heures où l’on t’abandonne dans un fossé
sur une civière un drap noué pour calmer la douleur
les murs n’arrêtent pas de te susurrer
que l’unique façon de résister est de se suicider
ou se scier en plusieurs morceaux épars
tu restes là avec les os qui se tordent l’âme qui se froisse un corps qui t’abandonne
et les nerfs te font croire qu’à la place des ailes
tu n’as désormais plus que des moignons brisés
la petite porte sur l’articulation meurtrie par laquelle quand tu l’ouvrais s’évanouissait la douleur purulente reste fermée
la rotule voyage comme une comète
tu regardes la brûlure froide qu’elle laisse dans le regard de ceux que tu prenais pour des frères
Remarquable ! Bravo.