
De sa vie elle ne se souvient que de quelques points
comme les trous d’un gruyère qui sont autant d’espaces
où se lovent les lunes de cette planète étrange et sèche
Peu importe chaque point est en phase avec une sorte de
lumière interne flasque et diffuse jaune et orange
chaque lune s’alourdit un peu plus chaque nuit, chaque fois qu’on évoque son point d’attache
elles sont comme les fruits que l’arbre habille de taffetas vert foncé quand il pleut
elles disparaissent en silence lorsqu’on tente de les mesurer d’en confronter la profondeur, de discuter de leur pertinence ou de la vérité
Entre ces quelques étapes
Entre ces points sur les cartes
Entre ces miettes ces cratères culminent les sommets invisibles, inracontables d’une vie faite d’oublis
Elle raconte que les fleurs s’alourdissent en cette saison de papillons d’un poids insupportable qui ploie les branches et fait basculer les frêles graminées
la tourterelle pour boire est obligée de marcher sur sa propre ombre trempée qui l’entraine ensuite à voler en soufflant comme un cerf-volant sauvage et incontrôlable
Pour s’agripper à l’existence telle qu’on la leur propose certains astres n’ont pu inventer que les glochides
De sa vie elle se passe de s’en rappeler comme si cheval elle l’avait complètement broutée du bout des lèvres
Cette mécanique paisible du grignotement de l’espace personne ne s’en soucie vraiment
à ce petit galop s’associent d’autres galops d’autres allures, l’ampleur est variable mais le rythme est identique