
La pluie et ses milliers de petits sabots qui galopent sur le toit
tous ces pas qui touchent la nervure centrale d’une feuille
la pluie amplifie et puis peu à peu assouplit sonde élucide
les signes et les empreintes ne sont plus que des flaques
des lacs où ne naissent jamais qu’à demi-mot des reflets
des ombres, l’idée qu’on se ferait d’une onde la pluie ses
graines que picorent les araignées quand elles défont leurs
toiles les abandonnent parce qu’elles n’emprisonnent plus
que la poussière cellulaire des larmes un grain de fatigue un
grain de désespoir la pluie sonde les puits où stagne mon
esprit celui qui se dit fantôme habite la ruche des mots vides
gavés et déviés la pluie efface multiplie hésite se tait burine dans
la glace un portrait presque parfait de mon âme dragon dont
les ailes sont des flocons dont le langage est un feu
feu mot feu paradoxe feu miracle feu silence la pluie fourmille
l’insecte est plus vorace qu’une maladie la pluie de plus en plus
vieillie ne finit pourtant pas par mourir