Chaque végétal, de l’arbre à l’herbe sauvage possède un instrument de musique. La partition est une poignée de pipistrelles, le vent est le chef de l’orchestre indiscipliné. De ce nocturne improvisé se dégage une confusion hyperbolique. Un désordre follement joyeux qui emplit l’espace de tentacules ondulatoires. Sons et couleurs mélangent leurs spectres, volumes, matières et ombres, filaments, tiges et feuilles, boutons et noyaux, racines et branches suspendent infiniment le temps et le silence. Le vide se froisse et enfle comme une éponge, se rétracte. La membrane qui lui sert de peau est rose comme les branchies du poisson-lune.
La nuit vient tout juste de disparaître et avec elle quelque chose de mon rêve, les fleurs minuscules dans la voie lactée qui répandaient un parfum de miel et d’écorces de citron se referment sur elles-mêmes, disparaissent et se taisent. Les frondaisons peu à peu gagnent le ciel à la manière des nuages. Les instruments se rangent sous les ailes, le vent s’en va et chante au dessus de la mer et la caresse comme on caresse un chat, jamais à rebrousse- poils. Les oiseaux se nourrissent d’insectes et tissent des nids provisoires dans les aiguilles de lumière et les reflets des sources comme si tout de la nuit et de ses concerts n’existait pas.
Très beau…