
La pluie est venue peu à peu
elle descendait des collines
après avoir longtemps séjourné
en silence en mer
elle en avait oublié ses pouvoirs
sa voix cristalline était devenue presque
aussi grave que l’orage
ses gouttes avaient la force toute petite
des griffes du chaton ou de l’oisillon
mais son regard était toujours celui
du grand vautour noir

la pluie la pluie la pluie petite chose
sincère droite régulièrement secouée et troublée
sorcière aux sorts sertis de larmes elle redonnerait
la parole à l’eau trop calme de l’étang
à la terre qui s’étend jusqu’au delà du désert
Pour la feuille tombée réduite à l’état
si proche de la poudre
il est trop tard
la pluie ne fait qu’adoucir un peu la mort