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Cet oiseau dont plus personne ne connaît le nom ouvre les ailes
et cette sphère gonflée de bleu semble le porter et modeler
son vol
matière impalpable de l’être
parcelle intime arrachée au manteau de laine
qui recouvre tout rêve toute illusion afin de leur tenir chaud.
Cet oiseau dont les ailes se saisissent à leur tour de la membrane
de l’impénétrable sensation de ne pouvoir s’emparer de cette phrase
qui traduirait l’essentiel de la pensée
se refuse à renoncer comme si rien jamais n’était venu lui
murmurer que la mort le surveillait de près.
Cet oiseau dont le nid recouvre les sommets rugueux et écorchés
de plumes et de brindilles nourrit ses petits
des plus beaux morceaux du ciel
du chant des étoiles
de la musique que fait l’univers en ne cessant de naître
comme s’il leur fallait reconnaître que eux aussi seront
confrontés à cette vérité peut-être un peu cruelle
qu’il est impossible d’écrire
de la poésie.
Bien exact constat…
« Cet oiseau dont le nid recouvre les sommets rugueux et écorchés
de plumes et de brindilles nourrit ses petits
des plus beaux morceaux du ciel »
Rime de loin avec « la vérité cruelle »
« Qu’il est impossible d’écrire de la poésie » me semble un peu alambiqué et confus, ce qui est normal au sein de cette nébuleuse génératrice du poème, dont se dégagent les figures d’une musicalité universelle. La poétesse me semble ici exprimer les enfantements laborieux de son propre chaos primordial pour accoucher d’une structure, quand le verbe naissant déchire, en s’en emparant comme un oiseau de proie, les membranes de sa chôra sémiotique. La cruauté du bec et des serres s’enveloppe de laine et de chaleur maternelle. La pulsion de mort sourd comme la source sombre dans le chant même des étoiles. C’est à nouveau un fort joli tissu de contradictions, bien pensé.