
Les lys dansent autour des pieds nus de la rivière et la suivent dans les détours sinueux du dédale qu’elle dessine aux travers des prés verts. La rivière a dénoué sa chevelure noire, les boucles enlaçaient son visage. Maintenant elles coulent vers le fond ou se mélangent au lent courant de l’eau. L’ombre de mon rêve semble poursuivre les mêmes ondes.
J’ai posé ma tête sur ton épaule en même temps que la graine d’un baiser. Tes mains aussitôt m’ont rassurée et caressée longuement jusqu’à ce qu’elles atteignent le bas de mon dos à l’embouchure de nos jambes enlacées.
En sombrant peu à peu dans le silence soyeux du rêve, sorti d’un cocon de soie, je suis devenue le papillon qui me permet de comprendre que toi et moi sommes les deux bourgeons d’une seule branche. Les feuilles comme des pointes de lances regardent le ciel, dans le miroir trouble et muet de la rivière, quelques nuages nagent à la manière des méduses ou de ces graines qu’une montgolfière blanche et légère transporte au large du hasard si doucement.
J’attends que la rivière dans son vol redessine notre lit afin qu’il devienne le poème. Un poème dont la source est une ruche de mots fabriquant à base de la lumière le sens pour nos phrases.
Nous traverserons des territoires balafrés de barbelés. L’élan de l’eau, l’ombre du bras qui écrit, traîne d’une reine guerrière, nous sommes toi et moi sous la forme lisse d’un poème la principale force pour lutter contre l’oubli.
à Jyk
On lave ses pieds nus dans la rivière
Et heureusement, la rivière reste pure !
Elle ne se transforme pas en mille-pattes
Dans le grouillement des patageurs !
Un lys ?
Moi je vois un poignard qui danse
Dans un lacis d’estafilades
Et dont le manche tournoie
Sur sa lame effilée.
Et qui tranche
Bien caché dans la volupté des algues
A la jonction des corps qui veulent s’emmêler.