
Il y a en moi, l’œil bleu d’une vague
qui me regarde de l’intérieur:
il sourcille et strie cet océan où flotte mon cœur indéfiniment.
Il sème dans les courants des bancs de larmes nées du bas-ventre du ciel.
À la surface de l’eau, les mots s’émoussent :
ils regardent au travers de moi l’humain
pris au filet de sa propre vie.
Qu’ai-je donc fait ?
Il y a en moi, le vol de l’oiseau marin, le jais de son plumage qui se sèche au soleil, son aile esclave.
Le clapotis des flots, la nuit, l’aube d’un bateau n’apaiseront pas mon drame.
Il y a en moi, un moignon de jambe qui n’a pas su apprendre à marcher à coups de mâchoire.
il y a en moi, la danse effrénée des secondes, une pluie d’étoiles dessine les rides comme les voies par où devraient passer la mort et son cortège muet de menaces et de signes avant-coureurs.
Dans les remous et dans les vagues, il y a la lumière prédatrice et dévoreuse d’espace. L’âme du mammifère que je suis hante les ondes de son énorme ombre noire.
il y a en moi, le mouvement urticant d’une plante devenue transparence, n’ayant pour épines que mes pauvres mains tremblantes.