
Ma vie est un nuage, elle condense les secondes comme des gouttes. Elle n’est que vapeur. Parfois elle neige, elle nage en formant des flocons, se glace dans des aller-retour inutiles, elle voyage sur une toile aux dimensions multiples. Ma vie n’a aucun sens.
Elle est une carte sur laquelle coulent des routes. Des rivières dorment dans leur lit, d’autres sont assez sauvages pour former la mer. Ma vie me berce d’un instant à l’autre, elle se plante.
Les moments de pause sont le cadre précis à l’intérieur duquel j’évolue en reposant à mes idées d’insipides questions, improbables méduses colorées dont les tentacules prennent fin à l’orée de ce qui s’appelle l’horizon.
Je ne comprends pas pourquoi certains le confondent avec le futur. L’horizon est cette vitre, c’est une bulle qu’aucun d’entre vous n’aperçoit.
Ma vie se charge d’effacer celle que je suis, celui que je ne pourrais être en créant des orages. Regardez comme ma robe pommelée se recouvre de larmes de pudeur. Je me mets à disparaître et à renaître sur les pétales. Je pose ma bouche sur la mer. Je marche la nuit dans les jardins qu’embaument les fleurs.
J’apprends tous les jours à me trouver de nouvelles limites. Finalement, mon but est de rester sans disparaître dans les averses, sans me fondre à cet immense désert, je reste muette dans les creux des prés avant que les troupeaux ne les broutent. Rien ne me fait plus peur que le bruit d’une mâchoire.