
C’est une harpe dont les cordes sont de fins cheveux de couleurs qui ne produisent aucun son. Pourtant, je sens que je plonge dans des champs chromatiques. Le jaune et l’orange disputent aux verts le droit d’être les fantômes d’un taureau, d’une licorne de neige, ou d’une couleuvre ondulant sur l’eau d’un ruisseau comme le trait de pinceau d’un Maître.
Le temps possède la faculté de réfugier les bruits d’une aile, d’un roucoulement, du pas souple d’un chat.
C’est une harpe que le vent effleure mais dont il n’altère pas la voie. Elle va se coucher dans les herbes, sur le dos des roseaux, sur le noir instable de la mer. Elle s’approche de la larme que je garde au fond de moi éternellement affutée et prête à honorer les secondes si précieuses et si courtes du soleil paré de ses milliers d’années-lumière.