
D’un mouvement lent et plein de clarté, il fait son apparition. La lueur bleue de sa robe comme une aube, emplit l’air d’une studieuse harmonie. Son aisance donne à l’effort la souplesse et la limpidité d’une source. Suffirait-il de se laisser couler sans la moindre résistance pour atteindre cet état de grâce où la pureté des pensées rejoint celle des gestes ?
On oublie la sueur, les heures à s’échiner dans le noir, à panser ses blessures. On oublie la menace de la peur et la cruauté sévère de l’échec. Soudain, plus rien ne lui manque, il se met à danser. Il s’harmonise avec le silence et l’espace.
Les allures enchâssent de savants contrastes, ce n’est plus une monture, c’est une lame, de l’écume. Ce n’est plus un cheval, c’est un océan et ses refrains. Il est ce qu’il donne.
Une confiance lisse et sans faille harmonise les galops, ré-enchante le pas et le trot. Sa crinière comme une coulée de lait redessine le contour de l’encolure docile. Du garrot à la croupe, la lumière glisse, coule sur les jambes, s’évapore dans les crins.
Le sol, sous les pieds, est désormais devenu la course folle d’un soleil, une poudre d’or, un simple reflet.