Mon désespoir est une ortie. Il se vante de posséder des feuilles dentelées d’un vert mentholé. Il est ouvertement acerbe, coriace, insolent. Pour le cueillir, il faut mettre des gants.
Il me surprend n’importe quand, n’importe où. Sur la pointe de sa langue, une fleur blanche joue l’innocente, c’est la douleur. Elle totalement dépourvue d’âme, elle fait pleurer même les enfants.
Mon désespoir est urticant, venimeux comme un serpent. Si je l’arrache et le piétine, n’épargnant pas ses racines, il revient plus frais, plus jeune, plus fort en courant. Ses couleurs sont franches, sa parole est hypocrite, il ment quand il dit qu’il ne pique.
Mon désespoir n’a jamais pris une seule ride et ne connait pas la fatigue, c’est un voyou. Alors, parfois, je le mets à bouillir dans ma soupe ou je lui tords le cou. Il m’arrive de croire que finalement, les mauvaises graines ont du bon aussi.