
Un fantôme s’est incrusté sur la pierre tombale, un fantôme minuscule circule sur le socle massif d’un monument. Un nuage tourbillonne, annonce une vague de froid, dénonce la visite possible d’une tempête plus effroyable.
Existe-t-il quelque chose de plus glaçant que l’ignorance, l’oubli et toutes les dispositions prises afin que ta solitude jamais ne puisse occuper la place qui lui revient? La place de ton ombre, la place de l’indécision. La place d’un contour et de toutes ces phrases éructées par une feuille morte.
S’installent de rangées en rangées, les corps bien définis de théories absurdes qui toutes ont pour but de contourner les questions, de les embobiner, de les momifier.
Que les âmes s’envolent, il n’en a jamais été question. Même la mort est une définition rancie. Que ce fantôme est las! Qu’il est laid!
Sa couverture est pourtant taillée dans la même étoffe laiteuse que celle qui sert aux nuages quand ils voyagent. Pas un linceul, seul un voile d’araignée qui s’envole. Un fil qui survole les fleuves, les traverse, les croises entre eux.
Un fantôme a bu à toutes les fontaines qui gloussent, un fantôme s’est fait manger mille fois par la mouette rieuse qui brode l’écume. Un fantôme fiente du temps. Perdu. Deviendrait-il un cyclone si quelqu’un touillait dans son coeur comme dans une soupe? Si quelqu’un rentrait dans son corps à l’haleine de dragon. Si quelqu’un se servait de son oeil de cyclope pour scruter les alentours?