Attente

Neolithic rock art in southern India, ca. 1200-800 BC.

En écoutant le train passer au loin, la pluie grignoter la fenêtre, une voiture passer sur la route sans s’arrêter. 

En regardant la ville et puis cette autre ville par la fenêtre.

En voyant le jour s’éteindre, la nuit peu à peu s’évanouir et les semaines toutes finir par dimanche.

-je n’avais le sentiment de vivre.


Tout se produisait au-delà d’une frontière que je ne pouvais franchir. La vie se passait de moi. De mes actions, de mes gestes et de mes convictions. La vie se passait loin de mes prédictions. Mes questions n’avaient plus vraiment besoin d’une réponse. Elles ne les recevraient pas.

-je n’étais rien parmi les autres. Particule peu particulière.

Hier, soudain, le paysage de la baie, ses vagues, le jour, ses lueurs la nuit. La mer évanouie. Le ciel sans nuage. Le ciel lourd et les collines ancrées pour toujours. Le paysage fit appel à moi par l’intermédiaire de mon souvenir. 

-Étais-je semblable à aujourd’hui hier? Me susurra-t-il

Je n’en avais pas la moindre idée. Les lueurs des voitures sur les routes, les lumières prisonnières dans les salons des villas, celles apprivoisées par le phare du port et les reflets multiples répertoriés par la mer et son immense tranquillité apparente. Cela. Tout cela n’avait guère changé. 

Pour la première fois, je me sentais la force de répondre à la question. Comme si ma position d’écouter le train, la pluie, une voiture, de regarder les villes, de voir le jour finir et la nuit se dissiper étaient la raison évidente de ma participation à la vie telle qu’elle s’écoule. Une participation qui n’exclue pas la position que j’avais de regarder, de contempler, d’être à l’affût et refoulée dans cette espèce de tanière qu’est mon corps. Pour la première fois, je ne me tenais plus à l’écart. J’avais une réponse. 

Bien sûr que j’avais remarqué l’espèce de cancer qui rognait les rochers de la côte et toutes les villas comme des métastases. Les vagues et leurs souffles continuellement coupés par des hors-bords. 

Ma réponse se devait de dépasser les apparences. Elle ne pouvait avoir l’arrogance de transformer les choses, de modifier la réalité, de faire renaître l’espoir.

-Non, paysage, tu es semblable à hier, aujourd’hui.
Tu es comme toujours.   

Une réflexion sur “Attente

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