Vestibules

©Bertrand Els

Je serais dans cette bulle qu’on appelle coeur mais qui a trouvé sa place dans l’aquarium qui me sert de tête.

Les limites de mon corps ne vont donc pas très loin, pas au-delà d’un point. Un point, dit-on, c’est tout, alors que celui qui prononce ce flux de lettres ne sait rien de ce point et probablement pas grand-chose de tous les autres points.

Point de départ, point d’attache, point imaginaire de l’infini, point réel, point d’espace.

Je serais dans cette bulle qui palpite et jongle avec les sentiments, les affole, les réajuste. Je serais le poste de contrôle d’une créature qui se rêve comme une machine parce qu’il est reposant de penser que quelque chose est en mesure d’arrêter l’engin. Une vanne vénérée comme une déesse serait à portée de main, de volonté.

Une pointe de flèche, un éclat de roche, un mot écorché est resté coincé dans l’un de mes tunnels. Parfois, il quitte sa place et racle les veines, irrite les voies, bloque le passage des rêves. Filtre le silence comme pour trouver la réponse à un immense pourquoi. Alors que je sais qu’au fond, je n’ai pas envie savoir car que peut-on faire de ces réponses superficielles qui ne servent qu’à un contexte particulier qui suppose de multiples connaissances sans nom propre et doublées de sens que je ne suis pas en mesure de capter

Je fais l’araignée, l’arapède pour ne pas me laisser gagner par ce qui m’excède. Me révulse, me dissout comme le sel sur le corps trop mou de la limace.

Je reste à cette place et je décode. Je ronge comme le font les vers en traçant les limites d’un autre univers. « Inutile!  » je vous entends déjà prononcer un jugement comme si certains mots avaient plus de force que d’autres. Je me mure.

Quelle importance puisque j’en ai besoin pour exister de mes souterrains virtuels, de leurs élancements semblables à ceux qui circulent dans les membres fantômes. L’empreinte d’une vie qui tombe en poussière. L’empreinte génétique qui figure les maillons qu’inlassablement mentalement on assemble.

À mon coeur, s’ajoute un autre et encore un autre et encore et encore des centaines et des centaines d’autres coeurs.

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