
Juste avant que la nuit fasse son entrée dans le jardin
une rose s’est évanouie
comme pour donner le signal
Un bref instant j’ai eu l’impression qu’un oiseau blanc
se laissait tomber de la branche pleine d’épines
Ensuite peu à peu se sont mélangés les parfums
des fleurs et de la terre se gorgeant de fraîcheur et d’humidité
Les oiseaux ont cessé leurs chants
les appels se sont tus et le long des murs
sont apparues les silhouettes gracieuses de jeunes geckos
Le chat est redevenu le félin égyptien
logé tout en haut de la pyramide alimentaire
Dans le ciel sautant d’une étoile à une autre
les pipistrelles affleuraient le néant et cueillaient
parfois quelques gorgées
d’eau sans laisser derrière elles
la moindre empreinte sur la surface
Le silence avait pris de l’ampleur
plus rien pour le froisser pas même
la démarche pleine d’énigmes
du sphinx dont on devinait le profil
parfaitement découpé dans une étoffe plus sombre
Le vol floconneux d’une chouette me rappela un instant
l’existence presque oubliée d’une brûlante blessure
L’angoisse de vivre et celle forcée de devoir reconnaître le passé.