
La pluie mange le ciel et tout
ce qu’il contient de nuages
mange les feuilles jusqu’à leurs nervures
les aiguilles jusqu’à ce qu’elles saignent
elle mange les troncs et les racines qui débordent à la surface du sol
la terre les roches et les petits cailloux
la pluie avale les montagnes
au loin les chemins les sentiers
et leurs graviers que touchent tes pieds
la pluie dévore l’air le vent et
décortique chaque mouvement
elle mange les champs les prés les fleurs
le bétail les toits de ton village natal
elle mange les routes les voitures les passants l’absence
et presque toute ta volonté
elle picore les vitres la peau de tes joues
ta chevelure et tes vêtements
partout elle se mélange au décor
noie les couleurs dans le même fleuve
la même turbulence
la pluie mange le sable des plages grain par grain
jusqu’à ce qu’une mer en rage lui barre le passage
d’une seule et énorme vague
Ce qu’atteint l’horizon par ce brusque rugissement d’écume
ne portera pas de nom
car tu n’as pu déterminer ce qu’il se passait au juste
au fond de toi et en surface
à ce moment-là
la pluie n’a plus
désormais
aucune emprise sur toi
Je suis pour !
Très beau texte !