
Bertrand Vanden Elsacker
(bvde)
Aux frontières de mon songe, des bruits, des cris et des paroles se coagulent en phrases. Ces flux indomptables ne parviennent pas à justifier leur existence dans le jardin secret et muet de moi-même. Ils sont au même titre que l’acide, ils me corrodent.
L’écriture dans son divin silence fera toujours de moi un étranger qui doute, elle n’a pas de message, elle n’entreprend qu’un voyage. Je ne sais pas où vont les mots définis, encerclés par un texte, disciples soumis d’une des mes fantaisies que je ne nommerais pas sans peine « idées ».
Une plage de sable blanc dont les grains indissociables glissent les uns sur les autres. Une langue de sable qui se laisse confondre par les vagues, tel est le texte final qui parle d’un état qui lui échappe. La langue maternelle de mes textes n’est même pas un temple vide, elle est une fosse commune. Le vestige d’un charnier. Les mots sont morts sous le joug de ma phrase.
D’instants en instants, le vent souffle sur les pages, lit, mesure et puis rend aux secondes ce qui les étreint, les engorge, les noie. Les pages s’envolent et puis reviennent en même temps que les bourdonnements des abeilles. Échapperaient-elles aux grincements que font naître dans le ciel les corbeaux ou les hirondelles?
j’en suis époustouflé