Rising, The edge of the forest, Brussels, June 2014, bvde
Ainsi que la langue d’un fouet, le vent entre les branches ressemble aux frémissements de l’écriture. Dans le dos de chaque vague de couleur, se cache le nuage d’une idée. Les feuillages drainent la terre vers le ciel, mes mots vers les phrases. La forêt s’annonce comme une naissance.
Alors que je me sens incroyablement pesante comme si le moindre de mes gestes s’empêtrait jusqu’à l’étouffement dans une ivresse presque invincible, je rencontre un chemin de sable. Que faire de tous ces instants où je me désavoue, où je joue un rôle qui n’est que partiellement le mien ? Auréoles boréales, imaginaires processions de lumières, grain par grain, je les collecte dans un bocal pour un jour les planter en pleine terre libérée, sans la moindre contrainte. Toutes mes décisions laissent derrières elles des armées d’idées mortes, peu importe, je pars.
Meutes de mots et songes sont les veines longtemps rêvées d’un poème, des racines ont l’audace d’établir un nid pour de possibles strophes visuelles.
Derrière tous les soulèvements, lames vertes, respirations étourdies, mon remous interne rougeoie. Je choisis cette voie singulière qui trempe mes pas dans l’ombre et puis dans les taches de lumières. Je sème des teintes profondes et vives, l’opacité de la solitude me rend si lucide.
L’envie de fuir ou celle de m’éterniser et de cicatriser me partagent en autant de points aux couleurs instables. Mon dessein est de renaître dans un tableau où la lumière parle, où les couleurs prennent l’avantage sur le paysage. J’imagine une trouée dans la toile, je la suis.
Excellent et d’un ton neuf que j’aime beaucoup.