L’écriture impose aux notes de faire marcher sur la pointe des pieds un violon solitaire au quel est suspendu tout un orchestre symphonique. C’est donc tout un univers qui tient l’équilibre sur la fine pointe d’un crayon comme si chaque mouvement allait le faire disparaître.
Le violon s’avance, l’archet étreint les cordes avec la même volonté dérisoire que les ailes du papillon qui caressent le vent, frôlent la lumière et puis la dispersent sous la forme de battements poudreux. Quel est ce rythme qui me soulève et me laisse entendre que je pourrais connaître la douceur dans les drapés du vent dans le ciel ?
L’onctuosité d’une ombre dont j’ai peine à deviner l’origine m’invite à réapprendre à marcher, comme s’il ne fallait jamais soulever de poussière, comme s’il fallait ne pas remettre en marche le temps impitoyable.
Le violon est une chevelure qui se dénoue, celle de la mer, celle des fleurs, celle de la femme qui peuple tous les souvenirs et s’en amuse. Son souffle est devenu la voix qui bondit des failles et des entorses à la vie. La voix qui semble avoir résidé des millions d’années dans les flancs d’une humanité endormie, la voix semblable à la source nous réveille pour nous laisser contempler une nuit sans origine.
Je reconnais dans la musicalité la mélancolie intrinsèque à la découverte d’une des facettes de la beauté: une seule lettre accouplée à cent autres pour former une couleur. Je reconnais ce que sans façon on nomme à tort l’illusion. La musique comme la première forme intelligible qui soit sortie du ventre des cavernes et qui n’est pas encore l’animal domestiqué.
Le violon marche sur la pointe des pieds, titille et laisse s’évaporer mes cris lointains comme des parfums. Le violon m’appelle en évoquant sous leurs formes incontrôlables mes sentiments. Orange et bleus, céladon et roses, blancs et violets. Parfois tout ce qu’il me reste pour respirer et reprendre ma route, est le noir qui ancré en moi me sert de fouet et de frontière imaginaire.
Juste un détail :
Phrase correcte :
L’onctuosité d’une ombre dont j’ai peine à deviner l’origine m’invite à réapprendre à marcher, comme s’il ne fallait jamais soulever de poussière,
« en » est en trop avec « dont »
Merci Xavier pour cette lecture attentive, je modifie.
J’ai toujours plaisir à vous lire… c’est ce qui me rend attentif, je suppose…