
Dans le cadre de la fenêtre, comme au centre d’une arène,
les nuages s’avancent et se préparent à mettre en lambeaux
un infime morceau du ciel.
Il s’étire comme un chat,
ouvre sa gueule,
montre la langue et crache des bouffées de lumière
mais la pluie efface jusqu’aux traces
des griffes sur l’écorce des arbres.
·
La guerre est loin d’être finie.
Toute une armée est en marche sous ces cuirasses grises.
Des continents imaginaires répondent à la tectonique des plaques.
En rêve,
j’essaye de dessiner des cartes.
Quelle caravelle galoperait sur les vagues paysages lactés dont les colères sont imminentes ?
En silence,
l’espace mange le temps, gobe les visages et les noms
que je donne aux secondes.
Mes pensées se vaporisent.
Il ne manquerait plus que je me mette à pleurer.
Oublier n’est finalement pas si facile.
·
Quand vient le soir et que le soleil se décide enfin à parler,
dans cette partie réservée du ciel
qui est devenue une toile,
un palais de glace accueille la danse orange des nuages,
l’écume rose des vagues.
Le désordre exilé ronge les contours des îles nuageuses
avec férocité. La nuit naît.
·
La lune me donne un peu d’espoir en me laissant boire une larme de son lait .
« les nuages s’avancent et se préparent à mettre en lambeaux
un infime morceau du ciel.
Il s’étire comme un chat,
ouvre sa gueule,
montre la langue et crache des bouffées de lumière »
Belle illustration de votre sens de la coïncidence de contraires: en général ce sont les nuages qui partent en lambeaux dans le ciel; dans votre poème, ce sont les nuages qui mettent le ciel (même une infime partie) en lambeaux.
Tout doux le poupousse céleste, tout doux, sinon la pluie va le mouiller et ramollir ses p’tites griffes et brouiller les lumières de son souffle coléreux.
« La guerre est loin d’être finie.
Toute une armée est en marche sous ces cuirasses grises. »
J’aime cela. Napoléon! Wallenstein! Ou le pilote suprême d’une armée de robot dans la grisaille d’un morne champ de bataille!
Sans avoir la prétention de coter cc, tout me parait très bien, vraiment bien.