
Disoriented
DIARY
© Bertrand Vanden Elsacker
Un ouragan de mots et de lettres envahissent ma personne au point de me donner soudainement le vertige. Je ne contrôle pas ce flot impétueux de débris, la vie semble se recroqueviller afin que le sens des paroles lancées par les passants m’échappe.
Les maisons ploient sous le fardeau invisible de mes questionnements décapités, les fenêtres se fanent et les routes disparaissent dans les estomacs affamées des gouttes de pluie. À moins qu’il ne s’agisse là que de mes propres larmes.
Au travers de mes veines, passe une lumière liquide qui a le pouvoir de me dissoudre comme si elle était acide.
J’ai fini par comprendre que cette planète aride, où des rivières il n’en reste plus que les cercueils, n’est pas celle sur laquelle je suis forcée de vivre. Ce désert hideux, où les pierres et les rochers eux-mêmes ont presque perdu la raison et l’envie d’exister n’est que ton propre désert. Cette laideur que tu pointes si facilement d’un doigt dédaigneux, avec sur ta face un sourire glacial est ce que tu as fait de ta propre vie, tu t’es acharné à détruire mon espace et à entrainer dans ton chaos, l’absolu.