
Parmi les aiguilles les pommes de pin frétillent
la mer défend au temps de me ronger le cœur
la longue traîne de sa robe veloutée avance
lentement vers le ciel gorgé de nuages aux reflets de perle
la mer ne se laisse plus froisser en rythme par les rochers
elle progresse envoûtée
Les pommes de pin pépient
parmi les pupilles les taches d’ombre les mouvements de têtes vifs
les coups de bec furtifs
les pommes de pin vocalisent
chaque cri grésille
chaque phrase s’enchevêtre dans une autre phrase
chaque bruit donne naissance à un espace qui se pare
d’une couleur, d’une odeur, d’un souvenir
Ni le soleil ni le vent ni mon corps qui se recouvre de plumes frissonnantes
ne semblent être tenus à l’écart comme des étrangers
chaque pierre chaque grain chaque chose de l’univers se noue
aux racines de l’arbre qui chante
à chaque instant j’en suis consciente la disparition menace
d’un seul élan l’arbre comme un essaim s’envolera dans la nuée
la plupart des humains qui se croient capables de construire l’histoire
de l’écrire en ne retenant que l’important
ne signaleront même pas cet instant essentiel
de la vie quotidienne ce moment où soudain je me réveille
enchantée d’appartenir encore et malgré tout à une
somptueuse réalité.
Aérien.
lumineux poème…