Les nuages se comportent comme des vautours en se jetant sur les quelques morceaux du ciel encore éclairés par le soleil qui agonise. La nuit en même temps que la pluie tombe sur la ville. Dans le bus, se répand une odeur de chien mouillé. Les passagers puent sauf cet enfant de six ans. « Sommes-nous à New-York ? » demande-t-il à sa mère en apercevant les tours qui jouxtent la gare du Nord ?
L’enfant, à l’avant du bus, s’est installé à son poste de pilotage. Un parapluie lui sert de levier de commande pour faire décoller l’avion dont il devient le commandant de bord chantonnant. Comme par magie, alors que le ciel est sombre, bleu et gris, les sabots d’un cheval blanc raisonnent avec clarté. Éblouissant, il fait partie d’un somptueux attelage sans passager et dont le cocher en habit semble endormi. Dans la bouche de l’enfant de nouvelles histoires parées de questions dont il n’attend plus les réponses surgissent, envahissent le bus humide. Lui et moi, trouvons dans les rêves la solution à nos soucis. La nuit a totalement pris possession de la ville en allumant comme des étoiles les vitrines, les enseignes des magasins et les fenêtres des cuisines.