
Ma vie est le terrain de jeu de deux joueurs de tennis de table: moi et l’idée que j’ai de moi. La balle passe d’un camp à l’autre impliquant de continuelles modifications de moi-même.
La vie rebondit en martelant le temps et l’espace de son mouvement entre les deux ennemis. Tout se passe comme si j’étais mon pauvre adversaire. C’est moi que je dois combattre sans me demander si ma vie doit ressembler vraiment à ce qu’on veut que j’en fasse: une partie.
Est-ce la grammaire qui invente la langue ou est-ce la langue qui invente une grammaire? Est-ce la liberté qui construit des prisons et punit ? Pour comprendre, pourquoi ne sommes-nous que quelques uns à nous soucier de la ligne pure et à respecter la précision?
Les règles du jeu de ma vie sont rigides et ont pour objectif de désigner un perdant, de supprimer l’existence de mes zones grises.
Que se passe-t-il réellement avec la petite balle qui rebondit maladroitement au delà des limites, ces lignes blanches qu’une théorie a dessinées pour contours de la table verte?
La balle hors jeu n’existe pas, on ne la voit pas.
Qu’ai-je donc gagné à la fin de la partie? Un peu plus d’habileté à réfléchir? Un peu plus de certitude sur ce que je suis? Non, même pas. Je suis un pauvre type idiot de l’espèce humaine. J’ai perdu mon temps à essayer de satisfaire le métronome en tentant de devenir un synonyme de mon image.