
L’écriture étend son étrange ramure comme un cheval déploie ses allures: largement. Des branches s’envolent les lettres comme la neige.
Le texte comporte des racines invisibles qui coulent d’une source secrète jusqu’à me toucher les pieds. Un tronc, un corps dessinent une avancée. Il faut que je l’explore jusqu’à rencontrer le cadre de mes limites, la clôture qui donne forme à la forêt de phrases. Un visage me parle de solitudes, une voix réveille d’une virgule une vérité qui foisonne. Je marche dans un verger vierge, plongée dans l’aube qui s’éternise. Les fruits dorment sur leurs significations. Ils attendent que le jour se produise et suscite la révélation, qu’il bourgeonne.
L’espace autour de l’arbre guide les pensées sans les contraindre, sans les distraire, ni les rendre folles. Elle se répandent comme un parfum qui s’abandonne. l’azur s’éprend de mes souvenirs. Voilà qu’enfin, ils s’échappent sans tourner en vrille, contournent les obstacles et prennent leur essor.
L’arbre se met à grandir alors que je le poursuis du regard en lui inventant des gestes humains : comme ceux de tendre un bras, d’ouvrir une main mais le texte garde le silence. Je lui devine de nouvelles lignes, de nouveaux lits de lave, de nouvelles rides, des plaies anciennes. L’arbre n’a plus de feuilles, il ne donne plus que des aurores, des éclats de vies.
Parfois le texte change de rythme, prend un autre départ, s’éparpille dans mes rêves de manière autonome et naturelle. Il ne prend sens que pour moi, personne ne voit qu’il est en train de disparaître, de se choisir une autre saison.
Parfois nous nous regardons dans un face à face plein de questionnements. Lequel de nous deux contient les semences de la réponse ?
Foisonnant et feuillu !