
Il est vrai que souvent s’ouvre
sous moi un tombeau sourd
où s’y laisser dormir ne suffit pas.
La mort ne viendra pas sans me prévenir,
elle me prendra par le bras en disant : « va ! »
comme on le dit à une esclave.
Un tombeau comme la machinerie mécanique
et dentée d’un de ces monstres qui n’existent pas
arrache tous les sens à mes rêveries
comme on déracine toutes les branches d’un arbre.
Un tombeau comme un rat ronge raison et solitude.
Pour ne pas céder à cette voracité qui découd
lentement chacune de mes sensations et puis après le sentiment,
je fais de la varappe ou de la haute voltige.
Ivre de mes vertiges, il faut que je marche au-delà du vide.
Ma vie est remplie de tombeaux.
Aucun ne fut beau sculptant le marbre
jusqu’à ce qu’il devienne l’étoffe de soie.
Aucun ne fit dessiner sur ses côtés les veines nobles du bois.
Tous ne comprenaient que des grilles et des barreaux.